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13 sept. 2013

Fac, médecine : théâtre pour le cancer

C'est une première mondiale et ça va se passer à Montpellier : dès le mois prochain, grâce à une convention qui vient d'être fraîchement signée, le théâtre va s'inviter à la faculté de médecine de l'université d'ici, dans les cours dispensés aux étudiants en quatrième année. Du théâtre pour les futurs docteurs pour compenser une lacune dans leur formation, fruit d'un constat de Marc Ychou (photo du bas), directeur du site de recherche intégrée sur le cancer, le Siric et de Serge Ouaknine (photo du haut), metteur en scène et professeur d'art dramatique. Le duo le répète : "C'est un pari fou". A l'image du projet qui vient d'accoucher. L'annonce du coup d'envoi de ces formations de "théâtreux" dans l'univers clos des blouses blanches en herbe a été faite lors du récent congrès francophone d'oncologie digestive qui a réuni environ 300 experts en cancérologie au Corum. Lors de ces travaux, une autre information a été révélée : une unité de recherche translationnelle permettant de faciliter l'évolution de la pratique en prenant en compte toutes les étapes de la prévention à la stratégie thérapeutique va être prochaine créé à Montpellier.
Parler et écouter

L'événement le plus proche, puisqu'il sera lancé au mois d'octobre, dans quelques semaines, c'est donc le théâtre qui s'invitera dans...l'amphithéâtre de la fac de médecine ! La convention idoine a été signée entre l'université de Montpellier et l'Ecole nationale supérieur d'art dramatique, l'Ensad, d'ici. Elle permettra aux étudiants de se préparer à leur entrée en scène à la faveur de quatre demi-journées consécutives axée sur la relation au patient via des comédiens. Ce dont se félicite Marc Ychou, fort d'un constat cruel : "Les conditions d'annonce d'un cancer sont le plus souvent catastrophiques, humainement et psychologiquement, confrontés au stress, au choc, à la peur même de cette triste annonce, les jeunes médecins sont obligés de chercher l'équilibre entre la distance de la profession et l'empathie pour le malade et pour sa famille". Emballé par ce projet fou qui germait depuis sept ans, Serge Ouakine ajoute : "Expliquer et détailler la pathologie qui est grave à un malade ne suffit pas. Etre proche du patient, lui parler en le regardant bien dans les yeux avec un regard humain en se détachant du registre médical constitue un atout dans le traitement des cancéreux et c'est l'enseignement théâtral que nous allons leur apporter. Aujourd'hui, les médecins apprennent à soigner, mais ne savent ni parler, ni écouter". Une alliance d'amour inédite d'accompagnement jusqu'à la mort. Molière aurait succombé.
Jean-Marc Aubert

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