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1 oct. 2010

Coup de théâtre aux Assises : nouveau procès le 10 janvier
L'avocat général : "Bissonnet est fou, il est fou"

Cour d'assises de l'Hérault, vendredi 1er octobre, cinquième jour du procès du commanditaire et des assassins présumés de Bernadette Bissonnet en mars 2008 à Castelnau-le-Lez.

Tout avait bien commencé pour Jean-Michel Bissonnet, 63 ans, accusé d'avoir commandité l'assassinat de sa femme, ce qu'il nie farouchement. A 9h35 un vieux monsieur courbé, s'appuyant sur une canne s'avance à la barre : "Je m'appelle Pierre Juan, j'ai 89 ans, je suis le papa de Bernadette". Le président de la cour, Joël Mocaer, le voyant fatigué, le fait asseoir. Il regarde vers le box où son gendre, la tête enfouie dans ses mains semble pleurer : "Il est innocent, j'ai jamais eu de doute, je l'apprécie toujours, je le considère comme mon fils". Et, tout tremblant, il retourne prendre place au premier rang du public, entre Florent et Marc, les fils Bissonnet, qui l'ont pris en main et qui le "couvent" depuis les faits. Assis derrière eux, Jean-Pierre Juan, fils du témoin et frère de la victime encaisse difficilement le coup.Car, il n'a aucun doute : à ses yeux, Bissonnet est coupable. Laurence, 55 ans, membre du comité de soutien arrive à la barre. Elle assure que "Bernadette m'a dit un jour, le vicomte Amaury d'Harcourt est dangereux et manipulateur". Le président, surpris : "Mais, vous n'avez jamais dit ça durant l'instruction ?". Silence gêné. Il est 10h45 et l'avocat général Pierre Denier se lève : "Mr le président, j'ai des documents de la plus haute importance à vous communiquer". Agitation dans la salle, comble, interrogations dans les rangs des avocats et des témoins, inquiétude dans le box des accusés. Le mystère dure jusqu'à 11h18. Dans les rangs de la presse, on entend les hypothèses les plus folles !

"Une bombe"

La cour revient. Le président : "M.Bissonnet, vous êtes soupçonné de subornation de témoins, je viens de remettre un dossier de quinze pages aux parties, deux détenus, l'un à Béziers, l'autre à Perpignan, vous mettent en cause, ils disent que vous avez voulu soudoyer l'un d'eux pour faire accuser le vicomte Amaury d'Harcourt d'être l'instigateur de l'assassinat de votre épouse, nous avons des courriers écrits de votre main, nous avons des plans que vous auriez élaboré sur votre ordinateur en cellule, il va falloir les authentifier". Bissonnet est blême, ses deux fils le mitraillent des yeux. Nouvelle suspension. "C'est une bombe" répète un avocat. L'audience reprend à 12h05. Debout, l'avocat général Denier, sur un ton ferme, fixant Bissonnet droit dans les yeux : "Il n'y a pas de doute, ce sont vos écrits, vous les avez rédigés de votre main, vous avez tout planifié depuis votre cellule, quel machiavélisme, je n'en reviens pas, c'est une tentative de subornation de témoins avec un impact direct sur le dossier, il faut vite mettre les deux détenus à l'isolement. Bissonnet est fou, il est fou" ! Et le représentant de l'accusation de révéler que "un des deux détenus ayant cotoyé M.Bissonnet devait témoigner, à sa demande, la semaine prochaine, pour dire, à sa demande, que c'est le vicomte Amaury d'Harcourt, qui est le commanditaire de l'assassinat de Mme Bissonnet. Le détenu devait venir dire à la cour et aux jurés que D'Harcourt lui avait proposé un contrat pour tuer Bernadette, muni du plan du château de l'Yonne où le vicomte vit, pour bien montrer qu'il s'y est rendu pour monter le plan criminel. Jean-Michel Bissonnet avait même fourni le code d'accès secret au château. La configuration des lieux, y compris des bâtiments annexes a été faite sur l'ordinateur acheté par M.Bissonnet et dont il se sert en détention. Le détenu explique que M.Bissonnet lui avait promis 1000 euros par mois. Il lui a dit : j'ai mis en vente ma maison de Castelnau, mon bien le plus précieux, mon paradis, quand je l'aurai vendue, je te payerais en liquide". (Ndlr : mercredi, Jean-Michel Bissonnet a annoncé lors de son interrogatoire, avoir mis en vente la villa du crime à Castelnau-le-Lez pour 800.000 euros, précisant que ses deux fils ne trouvaient pas d'acquéreurs).

"Dites la vérité"

Les enfants de l'accusé, les larmes aux yeux, les avocats de leur père, les membres du comité de soutien, les responsables du Rotary-Club sont abasourdis. Pierre Juan, sourd, se demande ce qui se passe, il a l'air paumé par ce remue-ménage. L'avocate des fils Bissonnet se lève et s'adresse à l'accusé : "Vous devez dire la vérité à vos enfants, prenez vos responsabilités pour que vos proches puissent faire leur deuil". Jean-Michel Bissonnet accepte de parler : "Oui, c'est vrai, les écrits sont de moi, pas la peine de nommer un expert graphologue, mais je suis innocent, je n'ai pas tué Bernadette. C'est une manipulation. Des propositions de faux témoignages contre rémunération, j'en ai eu des dizaines en prison, des détenus savent que suis riche. Je l'ai fait, ce plan, j'ai été naïf, je suis tombé dans le panneau". Et il éclate en sanglots en regardant ses deux fils, tétanisés. L'avocat général Denier annonce qu' "un des deux détenus a fait des révélations jeudi soir à deux enquêteurs du service régional de police judiciaire de Montpellier, préférant tout raconter avant de venir mentir à la barre la semaine prochaine". C'en est trop pour Jean-Marc Darrigade et Georges Catala, les avocats de l'accusé : ils se désolidarisent en abandonnant sa défense : "La confiance est trahie, nous partons". A 13 heures, l'audience est suspendue. Pile poil pour faire la une des journaux télévisés. Il est 16h quand la cour et les jurés sont de retour. Le président Mocaer explique à Jean-Michel Bissonnet qu'il doit trouver un nouvel avocat. Et qu'il a trois mois pour préparer sa défense, car un nouveau procès est fixé au lundi 10 janvier à 14h pour un mois de débats.

Perquisitions

Pour faire toute la lumière sur ce rebondissement, un supplément d'information est ordonné par le président de la cour d'assises. Dès ce soir, sur commission rogatoire, des gendarmes de la section de recherches de Montpellier ont perquisitionné les cellules de Jean-Michel Bissonnet et des deux détenus, Sébastien P. et Laurent F., saisissant les ordinateurs portables et les imprimantes, ainsi que tous les indices matériels susceptibles de faire avancer l'enquête, tandis qu'une autre équipe prenait la route de Saint-Eusoge dans l'Yonne pour vérifier la configuration du château du vicomte Amaury d'Harcourt telle que décrite dans les documents remis aux policiers et si le code d'accès confidentiel donné par Bissonnet au co-détenu est identique. Bissonnet et les deux détenus ont été placés en garde à vue et seront confrontés ce week-end. Jusqu'au nouveau procès qui sera présidé par Joël Mocaer, Jean-Michel Bissonnet et Méziane Belkacem, le laveur de carreaux dans la villa du couple et qui a avoué avoir tué Bernadette Bissonnet sur ordre de son mari restent en prison. Libre depuis lundi, le vicomte Amaury d'Harcourt, accusé d'avoir jeté l'arme du crime dans le Lez sur les indications de son "ami de quarante ans" reste sous contrôle judiciaire, en raison de son état de santé précaire. Dans quelques jours, dans sa cellule de la maison d'arrêt de Béziers, Jean-Michel Bissonnet recevra la visite de trois experts. Des psychiatres...

Jean-Marc Aubert

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Surtout si Mme Diane d'Harcourt se trouve etre l'epouse de Mr Michel Mercier...

Anonyme a dit…

Exact, la fille du vicomte est mariée à Michel Mercier. Mais qui est-il au juste ?

Anonyme a dit…

Ce n'est pas le Garde des Sceaux