Sondage : les policiers de l'Hérault n'adhèrent pas à la politique du chiffre

C'est une première en France et c'est le syndicat Unité-SGP Police de l'Hérault qui a réalisé le premier sondage du genre auprès des policiers de la Sécurité publique de l'Hérault, amenés à répondre un questionnaire portant sur leurs conditions de travail, la perception de leurs missions en interne, auprès du public, les rapports avec leur hiérarchie etc. Les résultats de ce sondage auprès des troupes policières, tous grades et services confondus forment un pavé de 40 pages qui mérite d'être analysé. Premier constat : seuls 38% des policiers interrogés se reconnaissant dans le valeurs de l'institution, "ce qui signifie que les fonctionnaires de police de l'Hérault n'adhèrent pas à la politique du chiffre" décrypte Bruno Bartocetti, délégué régional de Unité-SGP Police, le syndicat majoritaire ancré à gauche.
Strees et troubles du sommeil
Autres chiffres : 59% des policiers ont le sentiment d'un manque de reconnaissance de leur activité et 75% pensent ne pas accomplir un travail de qualité. Près de 60% pensent ne pas avoir les moyens des ambitions d'une politique mise en place par la hiérarchie. "Les collègues déplorent des mauvaises relations avec leur supérieur hiérarchique, des conditions de travail qui ne permettent pas de réaliser leurs missions dans de bonnes conditions, un manque de reconnaissance, des cadences trop élevées, une organisation du travail défaillante et la crainte de ne pas être à la hauteur, ça démontre bien le malaise profond ressenti ici" ajoute Bruno Bartocetti.
Prévention
57% des policiers ont la sensation de vite se fatiguer et d'être usés, 40% souffrent des troubles du sommeil et sont stressés au travail. Pour le responsable régional d'Unité-SGP Police, "cet audit est inquiétant et laisse penser que notre institution vit une véritable crise morale. Nous souhaitons que ce sondage débouche sur une véritable prise de conscience à tous les niveaux, à la nécessité d'initier une réflexion sur l'organisation du travail, un management moderne et un vrai dialogue social afin d'améliorer les conditions de travail des policiers. Nous allons proposer de nouvelles actions de prévention". Ce genre d'enquête interne destinée à prendre la température dans les commissariats de France devrait être réaliser prochainement dans d'autres départements. Le préfet de notre région, Claude Baland qui vient d'être nommé directeur général de la police nationale devrait s'inspirer de cet audit de 40 pages pour améliorer le boulot des flics...
Jean-Marc Aubert