COUR D'ASSISES DE L'HERAULT, MERCREDI 26 JANVIER 2011, TREIZIEME AUDIENCE DU PROCES DES TROIS ACCUSES DE L'ASSASSINAT DE BERNADETTE BISSONNET, DANS SA VILLA DE CASTELNAU-LE-LEZ, LE 11 MARS 2008.
Les audiences se suivent sans se ressembler. Mardi, des imprécisions, des omissions et des incohérences dans les réponses faites par le vicomte Amaury d'Harcourt et Méziane Belkacem à des questions précises avaient permis à Jean-Michel Bissonnet de marquer des points. Mais, il restait sur la défensive, prêt à réagir à la moindre attaque. Ainsi, mardi soir, à une question anodine d'un des avocats de Belkacem, le mari a littéralement "pété les plombs", se jetant presque hors du box en vociférant et en hurlant comme un fou : "Je suis innocent". C'est que Jean-Michel Bissonnet n'accepte pas la contradiction. L'audience de ce mercredi en a, une nouvelle fois apporté la preuve. Mis en difficulté depuis le matin sur la tentative de subornation de deux témoins, un épisode à l'origine du renvoi du premier procès, le mari s'en est vertement pris en début de soirée aux gendarmes, aux juges, aux experts, aux témoins, aux avocats adverses, accusés d'être des menteurs et des manipulateurs. La lecture d'un courrier adressé à un co-détenu, intercepté par l'administration pénitentiaire atteste qu'il se méfie même du président "qui peut influencer les jurés". Il donne son opinion sur son beau-frère, Jean-Pierre Juan, "qui a osé se constituer partie civile contre lui", traité de "sale con, de prétentieux, de fainéant parce qu'il a pris sa retraite à 52 ans, de jaloux parce que son père (ndlr : celui de Bernadette aussi) voit en lui le gendre idéal, d'avoir été plumé par sa femme"
Faux témoignage
Bref, quand l'innocence de Jean-Michel Bissonnet se fissure au point de se transformer en gouffre, quand il est accablé, il se dit victime de la terre entière. Et à court d'arguments, le mari glisse sur le terrain de la santé : "Veuillez communiquer au président et aux jurés mon dossier médical, s'il vous plaît" ordonne-t-il à ses avocats. Qui s'exécutent. Bissonnet veut faire savoir que les psychiatres affirment que son état de santé physique et mental est fragile, qu'il a des tendances suicidaires. Sous entendu, qu'il convient de le ménager. Et de ce côté là, il a été servi ! Sébastien P., puis Laurent F. ont raconté avec un luxe de détails comment Jean-Michel Bissonnet les avait approchés en maison d'arrêt pour confectionner un faux témoignage, destiné à accuser le vicomte Amaury d'Harcourt d'avoir commandité l'assassinat de sa femme, lors du premier procès, écourté justement grâce à la révélation de cette tentative de subornation de témoins. Certes, les deux ex-taulards ne sont pas des enfants de choeur : Sébastien P., Seb pour Bissonnet est surnommé "l'escroc", c'est sa grande spécialité, il pique même le fric des handicapés. Mais, c'est aussi et surtout une balance. Que Laurent F., "Lolo" pour Bissonnet n'apprécie guère : "Il a dénoncé à tort un gardien de la prison de Béziers d'introduire des portables et de la drogue, il a fait tomber des dealers, il passe son temps à balancer pour obtenir des remises de peine". Bissonnet confirme, en montrant du doigt Seb : "C'est un menteur et un minable".
Le corbeau récidive
Pourtant, ce sont grâce à ces intermédiaires croisés en prison, que Jean-Michel Bissonnet organisera ce faux témoignage. Le président donne lecture de la vingtaine de lettres dactylographiées dans lesquelles il détaille à Seb le plan de la propriété du vicomte à Saint-Eusoge, dans l'Yonne. "Est-ce que vous y êtes allé" demande Jean-Robert Phung, un des avocats du frère de la victime à Sébastien P. : "Non, jamais, c'est M.Bissonnet qui m'a décrit la propriété, qui m'a raconté la vie du vicomte, son passé d'aventurier". Le plan est projeté sur le grand écran de la salle : on y voit l'emplacement du château principal, le moulin, les écuries, les deux accès. On voit où sont positionnées la cheminée, une pendule, une chambre d'ami etc. Le président : "M.Bissonnet, c'est vous qui avez rédigé ces courriers et réalisé ce plan pour vos co-détenus ?". Le mari : "Oui, je ne m'en suis jamais caché". Le président Joël Mocaer ne comprend pas : "Vous savez que Seb vous a déjà fait chanter, un an plus tôt pour vous soutirer de l'argent, c'était le fameux corbeau, il récidive et vous lui faites de nouveau confiance ? Bissonnet : "Je suis naïf, mais, quand j'ai réalisé, j'ai tout arrêté, il n'est pas venu témoigner au premier procès que je sache".
Journaliste de Midi-Libre
Luc Abratkewicz, un des avocats du frère de Bernadette intervient : "M.Bissonnet, vous n'avez rien arrêté du tout, c'est Seb qui a pris les devants, qui vous a piégé en quelque sorte en livrant ces documents aux policiers du SRPJ, la première semaine du premier procès. L'existence de ces courriers pour que Seb fasse ce faux témoignage devait rester secrète". Bissonnet, énervé : "Oui, ça devait rester secret". Me Abratkewicz : "Mais, vous aviez prévu de médiatiser ce faux témoignage, cette bombe comme vous l'écrivez. Comment et par qui ?". Jean-Michel Bissonnet, encore plus énervé, très mal à l'aise : "Je comprends pas votre question". L'avocat : "Vous l'avez dit dans une de vos lettres, un journaliste de Midi Libre devait donner de l'ampleur à ce coup de théâtre que vous aviez préparé, en publiant en plein procès un article développant la thèse que le vicomte a fait partie des services secrets, qu'il fut un homme de l'ombre sous Giscard, qu'il a cotoyé Mme Claude et j'en passe". Bissonnet rouge de colère, se fâche : "Eh bien, je respecte le secret professionnel des journalistes je ne vous donnerais pas son nom". (ndlr : blême, le journaliste en question est assis dans la salle parmi ses confrères)...Bien entendu, pas une ligne sur cet épisode dans le quotidien régional !
"Amenez moi la guillotine"
Sébastien P. a prouvé que son surnom d'"escroc" n'était pas usurpé, puisqu'il a abusé de son co-détenu, Laurent F., "Lolo", qui faisait passer les correspondances échangées entre lui et Bissonnet pour accuser le vicomte Amaury d'Harcourt d'avoir commandité l'assassinat de Bernadette : "Des lettres reçues par M.Bissonnet et signées Lolo ont en fait été rédigées par Seb, à notre insu". Le président interroge Seb : "Pourquoi avoir fait ça ?". Sébastien P. : "Je voulais me venger de Bissonnet, un être hautain, imbu de sa personne qui prend les co-détenus pour ses larbins. Je l'ai laissé faire pour voir jusqu'où il pouvait aller, il m'a fait le schéma de la propriété du vicomte, il m'a donner tous les détails du château, de ses voitures, du magasin où il va faire ses courses, moi, je suis un escroc, mais lui, c'est un voyou et un assassin". Jean-Michel Bissonnet est presque ko dans le box : "C'est de l'acharnement, c'est honteux, Mr le président, amenez moi la guillotine"...
Demain, le procès fera relâche, la salle des assises étant occupée pour l'affaire des 140 licenciés de Myrys. Vendredi, la cour et les jurés entendront les membres de l'association Invitation à la Vie (IVI), dont le vicomte est un membre actif.
Jean-Marc Aubert
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1 commentaire:
Bravo, Monsieur Aubert, pour la qualité de vos chroniques. ça change
de mon temps, on fusillait les bourgeois sans autre forme de procès
vive Mao!
L.N. Man De Roux
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