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11 août 2011

EXCLUSIF : Assassinat des moines de Tibhirine : une piste ici

C'était dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 : sept moines trappistes étaient enlevés dans le monastère de Tibhirine en Algérie, séquestrés durant deux mois, avant d'être décapités. Depuis, alors que seules les têtes des victimes ont été retrouvées, l'enquête des policiers algériens et français n'a jamais abouti. La revendication de ces assassinats par un communiqué du Groupe islamique armé (GIA) fin mai 1996 pourrait être remise en cause, sur la foi de renseignements attribuant la mort des moines à une bavure de l'armée algérienne. Quinze ans après, alors que la procédure criminelle ouverte au tribunal de grande instance de Paris n'est toujours pas close, l'affaire pourrait être relancée, à la faveur d'un témoignage recueilli dans l'Hérault. Une exclusivité de l'Agglo-Rieuse.
Gendarmes
Les gendarmes de la compagnie de Lunel commandés par le lieutenant-colonel Cyril Cuvillier ont transmis récemment un renseignement d'abord à leur hiérarchie, puis aux policiers de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), en charge de l'enquête, via la Direction régionale (DRRI) basée à Marseille et le groupe de cette unité régionale en poste à Montpellier. "Nous pouvons juste vous confirmer qu'effectivement, une information relative aux circonstances de l'enlèvement et de l'assassinat des moines trappistes de Tibhirine a bien été reçue par des gendarmes d'ici et immédiatement transmise au service d'enquête, nous ne pouvons pas en dire plus, nous ignorons si ce renseignement est fiable ou non" indique à l'Agglo-Rieuse l'état-major de la Région de gendarmerie du Languedoc-Roussillon. L'information est confirmée par une source policière proche de la Direction départementale de la Sécurité publique (DDSP) de l'Hérault, mais, curieusement démentie par la DRRI (Direction régionale du renseignement intérieur) de Marseille...Au parquet de Paris, le magistrat qui suit la procédure n'est pas bavard : "Je n'ai rien à dire à la presse, voyez avec le juge s'il souhaite vous parler, il est là, il n'est pas en vacances". Coup de fil au cabinet du juge d'instruction antiterroriste Marc Trévidic. "Le juge ne souhaite pas vous prendre au téléphone, c'est un dossier sensible" précise sa greffière à l'Agglo-Rieuse. Seule certitude : des vérifications poussées ont été discrètement effectuées dans la région de Montpellier pour recouper cette précieuse information transmise par les gendarmes de la compagnie de Lunel sur le mystère de l'assassinat de ces sept moines trappistes algériens. Depuis, des livres ont été publiés et trois films, dont "Des hommes et des dieux", en 2010 et primé au festival de Cannes ont été consacrés à l'affaire.
Trois thèses
Quinze ans après, trois thèses restent privilégiées par le juge parisien : un acte du GIA, remise en cause par une hypothèse qui défend une manipulation des services secrets algériens, visant justement à accabler les islamistes. La dernière thèse repose sur le témoignage tardif d'un ex-officier supérieur français envisageant une bavure de l'armée algérienne, dissimulée ensuite par celle-ci. Une guéguerre interne aux services français, entre la DGSE et la DST, regroupées depuis au sein de la DCRI, dès le début de l'affaire a été préjudiciable au déroulement normal des investigations. C'est ce qui explique sûrement les raisons du refus officiel de communiquer des autorités sur cette piste de l'Hérault...
Jean-Marc Aubert 

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