Libellés

16 mai 2011

Inconnus assassinés : une piste dans un camping au sud de Montpellier

Et si les deux inconnus -probablement le père et son fils- assassinés près de Perpignan (Pyrénées-Orientales) appartenaient au gang international des "faux bitumeurs irlandais" ? Alors que les gendarmes de la section de recherches de Montpellier n'ont toujours pas réussi à mettre un nom sur les cadavres retrouvés en novembre dernier dans la campagne des environs de Millas, une piste intéressante est actuellement exploitée dans l'Hérault. Un groupe d'une cinquantaine d'Irlandais appartenant à la communauté des gens du voyage a séjourné à l'époque des faits, de l'été à la fin 2010 dans un terrain de camping du bord de mer, proche d'une station-balnéaire située au sud de Montpellier, est en mesure de révéler l'Agglo-Rieuse. L'information a été confirmée lundi 16 mai par une source judiciaire. Des enquêteurs appartenant à la cellule spéciale mise en place par la gendarmerie et composée d'une douzaine de gendarmes de la section de recherches et du groupement des P.O ont présenté aux gérants et à des locataires à l'année du camping les portraits des deux hommes reconstitués par des experts, l'un âgé de 50 à 60 ans, l'autre de 35 à 40 ans, exécutés par balles de calibre 7.65 mm. Ils gisaient enroulés dans des tapis orientaux et dans des sacs de gravats en plastique noir, scotchés par de gros rubans adhésifs, à 3 kilomètres de distance, dans des terrains isolés proches de Millas, à 20 kilomètres de Perpignan en direction du mont Canigou.Un des témoins pense avoir reconnu les deux hommes comme ayant séjourné dans ce camping, mais il n'en est pas certain à 100 %. Par ailleurs, seules cinq femmes de ce groupe avaient laissées leur identité lors du séjour, ce qui complique la tâche des gendarmes pour identifier les inconnus. Impossible dès lors de savoir si les deux hommes assassinés dans les P.O sont bien morts ou s'ils sont toujours vivants...
"Escrocs du goudron"
Mais, qui sont ces "faux bitumeurs Irlandais" ? Surnommés également "escrocs du goudron", composés de familles de la communauté des gens du voyage dont les campements sont installés dans les régions de Limerick et de Rathkeale en Irlande, ils débarquent régulièrement dans de nombreux pays européens, dont la France pour prospecter des particuliers, généralement des propriétaires de domaines cossus pour proposer leurs services : goudronner des espaces (allées, terrasse, cour intérieure etc.) à des prix plus qu'abordables, très alléchants, puisque jusqu'à 5 fois moins chers que les tarifs pratiqués sur le marché par les entreprises d'ici. Mais, il n'y a aucune possibilité de recours et quand l'équipe qui travaille en un délai très court est repartie, le revêtement se fissure dans les jours qui suivent ! Car, c'est un goudron très fin et de mauvaise qualité qui a été installé. "Les victimes, très nombreuses depuis l'été 2009 de Toulouse à Nîmes, en passant par la région de Montpellier auraient pourtant dues avoir la puce à l'oreille et se méfier, car le gang use d'un stratagème curieux : des individus en costard-cravate, qui jouent le rôle de commerciaux débarquent à bord de voitures de luxe et racontent qu'ils cherchent à vendre à des prix défiant toute concurrence des restes d'enrobé, des surplus de travaux de BTP, avant de regagner leur pays. Si les propriétaires sont ok, plusieurs engins de travaux immatriculés en Grande-Bretagne arrivent sur place avec une dizaine d'ouvriers. Très rapidement, le travail est effectué. Celui qui se présente comme le patron se fait payer en liquide, les fonds sont encaissés au profit de sociétés établies à l'étranger, qui changent sans cesse de nom" révèle une source proche de l'enquête. Des plaintes ont afflué depuis deux ans et les gendarmes ont établi que selon certains mois, le gang des "faux bitumeurs irlandais" encaissaient jusqu'à 100.000 euros. Leurs activités délictueuses auraient généré un chiffre d'affaires éloquent. Les gendarmes ont pris attache avec des policiers irlandais qui traquent ces escrocs, sans permettre pour l'heure d'éclaircir le mystère. En tout cas, il est une certitude : aucun membre de ce gang n'est à ce jour signalé disparu par les familles...
Vêtements allemands
Toutefois, les gendarmes de la section de recherches de Montpellier n'explorent pas uniquement cette piste des "faux bitumeurs irlandais". Ils multiplient de discrètes investigations dans les pays de l'est et notamment en Allemagne. Et ce grâce à un détail capital selon eux : les deux victimes qui sont des parents proches, sans doute le père et le fils (c'est ce qu'ont déterminé les tests ADN) portaient des vêtements de marque achetés en Allemagne. C'est également dans ce pays que les enquêteurs prospectent auprès des prothésistes-dentistes : le père portait un bridge avec deux dents en alliage en céramique et en or. Ils tentent également de comprendre pourquoi les deux hommes ont été retrouvés dans cette région du sud de la France, frontalière avec l'Espagne, couloir de tous les trafics mafieux. Que sont-ils venus faire là ? Leur identification permettra d'accélérer cette enquête qui stagne depuis déjà six mois.
Jean-Marc Aubert

Aucun commentaire: