Des peines allant de six mois avec sursis à 8 ans de prison ont été requises mercredi 25 mai devant le tribunal correctionnel de Montpellier par le parquet, lors du procès fleuve d'une organisation spécialisée dans l'importation d'héroïne et de cocaïne. L'audience a duré six heures, dont trois consacrées à l'instruction détaillée par la présidente, Annick Beau, qui a interrogé les huit prévenus, dont six en détention préventive depuis leur arrestation, en mars 2010. Le convoyeur qui arrivait de Hollande était attendu par les policiers de la brigade des stups de la sûreté départementale (Sécurité publique) qui avait mobilisé douze enquêteurs durant six mois de discrètes surveillances et filatures sur fond d'écoutes téléphoniques : dans sa voiture, une Audi break, 5,5 kilos d'héroïne pure et 5 kilos de cocaïne étaient saisis dans des caches. Valeur marchande : 400.000 euros. "La drogue avait été achetée 60.000 euros, vous avez une idée du profit généré par ces trafics. Les fonds des précédentes livraisons ont été investis dans les deux sociétés de la tête du trafic, d'où les poursuites qui le visent pour blanchiment" a souligné le procureur Marie Grandjouan. Un Algérien de 51 ans, gérant de deux sociétés à Montpellier déjà condamné dans le passé à 4 ans de prison pour trafic de drogue a été présenté comme le cerveau de l'organisation, qui aurait écoulé au moins 15 kilos de drogue dure avant le coup de filet. 8 ans de prison ont été requis contre lui et 7 ans d'emprisonnement contre son frère, qui a nié toute implication à l'audience. Pourtant, il est apparu dans les conversations des écoutes téléphoniques à propos des transactions destinées à écouler la drogue.
Codes
Le dossier a été étayé par le témoignage des très nombreux consommateurs d'héroïne et de coke de la région de Montpellier qui se ravitaillaient auprès de ce réseau. Les trafiquants prenaient un luxe de précautions : la drogue était enterrée dans les bois de Saint-Aunès, où les clients étaient amenés en voiture par une des "mules" de l'organisation, moyennant 50 euros le gramme d'héroïne et 20 euros le gramme de cocaïne. De nombreux "accros" achetaient jusqu'à 200 grammes par semaine. Les rendez-vous téléphoniques étaient codés : "Je peux avoir 100 voitures" demandait l'un. "Je voudrais 150 assiettes" réclamait un autre ! "100 voitures et 150 assiettes, ça désignait en fait votre commande de drogue en grammes" a révélé la juge en s'adressant au cerveau du trafic, des codes qui n'avaient pas échappé à la sagacité des policiers à l'écoute...Une dizaine d'avocats du barreau d'ici ont assuré la défense des prévenus, en plaidant notamment une réduction des peines requises par le ministère public.
6 ans de prison
Après délibéré, les juges du tribunal correctionnel ont revu à la baisse les réquisitions du parquet : les prévenus ont écopé de 6 mois de prison avec sursis à 6 années d'emprisonnement ferme. La peine la plus lourde a été donnée aux deux cerveaux du trafic, dont le gérant de sociétés âgé de 51 ans. Deux prévenus ont été condamnés à 3 ans de prison. Les juges ont ordonné la confiscation de la voiture ayant servi à importer l'héroïne et la cocaïne et les fonds placés sur des comptes bancaires issus du trafic.
Jean-Marc Aubert
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