COUR D'ASSISES DE L'HERAULT, VENDREDI 28 JANVIER 2011, QUATORZIEME AUDIENCE DU PROCES DES TROIS ACCUSES DE L'ASSASSINAT DE BERNADETTE BISSONNET, LE 11 MARS 2008 A CASTELNAU-LE-LEZ.
Au bout de la troisième semaine d'un procès usant pour tous les acteurs (accusés, avocats, magistrats, jurés, témoins et journalistes), Jean-Michel Bissonnet est reparti pour le week-end dans sa cellule de la maison d'arrêt de Béziers en campant sur une position qui s'effiloche de plus en plus : il est innocent, c'est son "vieil ami de quarante ans" (ex-ami devrait-on dire désormais) le vicomte Amaury d'Harcourt qui a commandité l'assassinat de sa femme pour le refus d'un prêt de 30.000 euros, lequel a même achevé la malheureuse qui tentait de se relever, après avoir reçu une décharge dans le bras gauche, tirée par Méziane Belkacem ! S'il ne balance pas le nom du journaliste de Midi-Libre chargé, lors du premier procès avorté de médiatiser le faux témoignage d'un co-détenu au nom du secret professionnel (sic), en revanche, le mari charge violemment le vicomte, dont il est pourtant acquis aux débats qu'il n'a pas pu matériellement et scientifiquement élaboré le scénario macabre diabolique avec le laveur de carreaux des Bissonnet et pour cause : ils ne se connaissaient pas et ils ne sont trouvés ensemble l'après-midi des faits dans la villa de la Grenouillère à Castelnau que quatre petites minutes...Ce vendredi soir donc, Bissonnet n'a pas craqué, malgré l'imploration du vicomte à avouer son implication.
"Il faut que Mr Bissonnet avoue"
Il est 17h10 et le président demande à Amaury d'Harcourt s'il a quelque chose à dire. Se tournant vers le box où le mari est debout, il le fixe et pointe sa main gauche vers lui, en haussant le ton : "Ce que j'ai fait est inadmissible, ce que dit Belkacem depuis le début est exact, tout est vrai, je souhaite maintenant que Mr Jean-Michel Bissonnet avoue ce qu'il a fait, qu'il dise la vérité. Comment peut-il supporter ça vis-à-vis de ses enfants ?". Celui que le vicomte appelait Jean-Michel depuis le 10 janvier ne bronche pas. Quelques minutes plus tôt, le président Joël Mocaer avait posé la même question à Méziane Belkacem. L'Algérien jugé pour avoir abattu Bernadette Bissonnet de deux décharges de chevrotines confirme : "C'est moi qui ai tiré, j'étais seul, j'ai respecté le plan de M.Bissonnet. J'ai des regrets et des remords, elle ne méritait pas ça. Il vaut mieux que M.Bissonnet dise la vérité, s'il ne le fait pas, c'est entre lui et sa conscience". Jean-Michel Bissonnet s'était-il risqué à faire des révélations au gérant d'une discothèque du Cap-d'Agde qui a partagé sa cellule pendant deux mois et dix jours, dès sa mise en examen, fin mars 2008 ? Cet ex-taulard, spécialiste de l'escroquerie l'avait assuré devant les gendarmes, puis devant les juges d'instruction : "Quand il a appris l'arrestation du vicomte en regardant TF1, il m'a dit, cette fois je suis cuit, je vais prendre perpète". Jean-Robert Phung, un des avocats du frère de Bernadette Bissonnet veut en savoir plus. L'ancien taulard s'énerve : "Je n'ai jamais dit ça, les gendarmes ont inventé cette phrase". Me Phung : "Mais, vous l'avez bien confirmé devant les juges d'instruction ?".
500.000 euros
Visiblement mal à l'aise, il répond à côté ! L'avocat l'interroge : "N'avez-vous pas essayé de lui soutirer de l'argent ?". Le témoin : "Non, jamais". Jean-Robert Phung, procès-verbal en main : "Je vais vous rafraîchir la mémoire, quelques jours après votre libération, en juin 2008, votre frère a téléphoné à Mr Lopez, le responsable financier des sociétés de Jean-Michel Bissonnet pour s'enquérir d'une promesse faite lorsque vous étiez dans la même cellule, à savoir virer sur un de vos comptes bancaires 500.000 euros". L'ex-taulard nie, comme il dément avoir rapporté aux enquêteurs de la section de recherches de Montpellier que le mari lui ait expliqué un jour que "si je voulais divorcer, la maison de mes rêves qui appartient 50% à elle serait vendue, ma femme aurait aussi la moitié des autres affaires". C'est pourtant acté sur procès-verbal. Encore une invention des gendarmes !
Gourou ?
Il a beaucoup été question ce vendredi matin de l'association Invitation à la Vie (IVI), dont le vicomte Amaury d'Harcourt est membre depuis sa création, ainsi que trois ou quatre témoins proches de l'aristocrate ruiné, déjà entendus par la cour et les jurés, ces derniers jours. Le président d'IVI, Daniel Chauvin a insisté : "IVI n'est pas une secte". A sa suite, le magistrat Georges Fenech président de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes l'a confirmé : "Certes, IVI fut un temps listée comme une secte guérisseuse dans un rapport parlementaire, avant d'être déclassifiée. A la Mission interministérielle, nous parlons plutôt de dérives sectaires". Avoué à la cour d'appel d'ici, membre bénévole de l'Association de défense de l'individu (ADFI) qui lutte contre l'emprise des sectes sur des hommes et des femmes fragiles, Me Jean-Pierre Jougla ne fait pas dans le détail, par contre : "Il y a eu des décès suspects liés aux pratiques d'IVI, mais nous n'en avons pas la preuve. Pour nous, c'est une secte. Une kinésithérapeute de Castelnau est ainsi décédée sans avoir soigné son cancer par un traitement médical adapté, le gourou ayant soigné les cellules cancérigènes par des massages". Question de Me Phung : "Vous êtes cité à cette barre par quelle partie ?". Me Jougla, destabilisé : "Par Me Raphaëlle Chalié, l'avocate des deux enfants de M.Bissonnet". Son confrère Luc Abratkewicz, un des avocats du frère de la victime réagit : "Donc, c'est pour asseoir l'hypothèse de la défense de M.Bissonnet que le vicomte Amaury d'Harcourt aurait commandité, voire tué Mme Bissonnet pour rafler les 18.000 euros cachés dans la villa pour renflouer les caisses d'IVI et pour une captation de l'héritage".
Invitation à la mort
Colère de Me Chalié, dont le masque est tombé depuis le début du procès, puisqu'elle fait le jeu de la défense du mari : "C'est du grand guignol". Me Abratkewicz s'emporte : "Cette hypothèse a été développée dans vos mémoires devant la chambre de l'instruction pour faire libérer M.Bissonnet". S'ensuit un indescriptible brouhaha entre les robes noires, qui sont vite réconciliées. Jusqu'aux prochainers joutes verbales. Plus sérieux, l'avocat général Georges Guttierez lance cette remarque pertinente : "Quand on voit M.Chauvin, le président d'IVI témoigner ici, il n'a pas l'apparence d'un gourou". Les avocats de la défense et les deux fils de Jean-Michel Bissonnet n'ont pas véritablement marqué des points en voulant donner du crédit à cet épisode sectaire. Pire, ça s'est retourné contre le mari. Jean-Robert Phung demande à Me Jougla de décrire les pratiques d'IVI pour mettre en condition les adeptes, environ 2000 en France et dans le monde : "Il y a la relaxation, l'harmonisation, les massages, les prières". La question de Me Phung est inattendue : "A votre connaissance, y-a-t-il déjà eu comme soins deux décharges de fusil de chasse ?". Une brutale invitation à la mort qui fait hurler Jean-Michel Bissonnet dans le box. Il demande et obtient une suspension d'audience. Ses fils, Florent et Marc Bissonnet se ruent comme des fous sur les avocats de la défense, priés d'être un peu plus combatifs...
Jean-Marc Aubert
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5 commentaires:
Impeccable, comme vos précédents billets, toujours aussi attendus.
La presse en a pris pour son grade aussi aujourd'hui, si j'en crois les comptes-rendus en direct de M-L et Fr3 ainsi que le billet de SDS/Fig et son interview au JT/Fr3.
Il semble que le président Mocaer qui a été longtemps juge d'instruction, ne s'en laisse pas compter par les dérobades de JMB et pose opportunément les questions dérangeantes.
Dommage qu'aucun journaliste ne parle des réactions des enfants Bissonnet aux audiences et que plus personne ne parle de Mme Bissonnet! A ce propos, auriez-vous ses date et lieu de naissance dans vos dossiers.
Bon w-e à vous, deux jours ne doivent pas être de trop pour souffler après cette semaine éprouvante.
Cordialement
Damien
Bernadette Bissonnet est née en 1951 à Lattes, où elle est enterrée. Elle s'est mariée avec JMB en août 1978. Très peu de témoins ont parlé de Bernadette, car il n'y a eu qu'une amie citée à l'audience. C'est ainsi, hélas lors des procès d'assises, on parle peu de la victime. Toutefois, les deux fils ont longuement parlé d'elle, ils lui ont rendu hommage. Mais, les chroniqueurs judiciaires qui ont une place réduite ont tendance, c'est vrai à parler des faits évoqués à l'audience. Il se dit tellement de choses à chaque audience. Dans ce compte-rendu (vous l'avez lu tôt, je pense), j'ai rajouté en fin de papier le comportement des deux enfants justement, regardez ! Très heureux de constater d'avoir un lecteur assidu !!
Bonjour,
Oui effectivement, je guettais votre billet, comme celui de SDS/Fig, PRD/Monde, elle, n'a pas encore rendu sa copie ;-)! Il est vrai que le vôtre, par votre connaissance pointue du microcosme montpellierain, est particulièrement intéressant.Et j'ai vu, bien sûr, que vous aviez rajouté une phrase sur le comportement des fils Bissonnet.
Il me semble, au vu des forums et aussi de votre compteur visiteurs qui tourne vite, que vous avez plus de lecteurs que vous ne le pensez, mais les commentateurs sont rares, peut-être parce que le "choisir une identité" qui commence par "compte Google" ne me semble pas très clair. Il m'a fallu un grand moment pour comprendre que l'on pouvait aussi poster juste avec son nom ou anonyme, il faut dire que je suis plutôt handicapé informatique ;-)!
Merci pour les dates. Pour le mariage, j'avais trouvé 28 Août 1979 sans lieu de référence, pour la date de naissance de Mme Bissonnet, je cherche un lieu et une date précise, J/M/AAAA.
La semaine prochaine, avec l'examen de personnalité APRES l'examen des faits et les péripéties de ces derniers jours, au lieu d'être AVANT comme lors du 1er round, ne va pas manquer d'être passionnante.
Bonne fin de w-e à vous.
Cordialement
Damien
Je n'ai pas réussi à trouver sur le blog ou le site une adresse mail pour vous joindre sans passer par la fonction commentaire qui est publique.
Je vous donne mon mail perso : jeanmarcaubert@hotmail.fr
Je suis innocent. Je crois d'Harcourt coupable. On l'arrête. Hourrah ! Je crie alors "Ils l'ont enfin trouvé, je vais être libéré !" et non pas "je suis cuit"... C'est quand même bizarre comme réaction, non ?
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