Libellés

24 janv. 2011

Le frère de Bernadette Bissonnet : "Il n'y a qu'une vérité, celle de Belkacem"

LUNDI 24 JANVIER 2011, COUR D'ASSISES DE L'HERAULT, ONZIEME AUDIENCE DU PROCES DES TROIS ACCUSES DE L'ASSASSINAT DE BERNADETTE BISSONNET, LE 11 MARS 2008 A CASTELNAU-LE-LEZ.

C'est la pire des audiences vécue par Jean-Michel Bissonnet, depuis le début du procès. Durant plus de deux heures, avec beaucoup de pudeur, mais avec aplomb et assurance, Jean-Pierre Juan, retraité de 65 ans a expliqué pourquoi il s'était forgé sa conviction, renforcée par "ce qui se dit depuis le 10 janvier ici" : son beau-frère est coupable. Il assure parler "sans haine, ni vengeance, pour faire éclater la vérité, il faut que Jean-Michel avoue". Il souhaite que son beau-frère libère sa conscience, au moins pour réhabiliter Bernadette   : "C'est une exécution, elle ne méritait pas un sort injuste. Quand Bernadette est née, j'avais cinq ans, je m'en suis beaucoup occupé, plus tard, je lui ai fait réciter ses leçons. Bernadette était courageuse, dynamique, aimante. Nous somme restés très proches, lors de mon divorce, elle m'a conseillé, elle m'a beaucoup aidé dans cette épreuve. Elle s'occupait énormément de papa et elle a joué un rôle prépondérant dans la réussite des affaires de Jean-Michel". Jean-Pierre Juan insiste sur sa peine, immense et indescriptible : "J'ai reçu pour mission de veiller sur elle, elle a été tuée dans d'horribles circonstances, dans une violence inouïe, j'ai l'impression d'avoir échoué".
"Mon père est manipulé"
Jean-Pierre Juan est bouleversant, quand il évoque ses souffrances : "Je suis là pour défendre le droit à la vie et surtout la réconciliation, depuis ce drame, la famille est divisée et ça me rend malade. Je vois Florent et Marc, mes neveux enfermés dans le même tombeau que leur père, Jean-Michel n'a pas le droit de faire ça. Le plus insupportable, c'est de voir que mon père est manipulé depuis le début de l'affaire. Est-ce que vous croyez normal que le papa de Bernadette s'acharne à défendre l'innocence de Jean-Michel ? Il est impensable qu'il continue à épouser la thèse de mes neveux. Il vient de subir une opération de prothèse d'une hanche, il ne pourra pas venir témoigner". Cette remarque visant les Bissonnet n'est pas du goût de Raphaëlle Chalié, officiellement partie civile pour les deux fils du mari. Luc Abratkewicz, un des avocats du frère de Bernadette réagit : "Votre place n'est pas ici, vous devriez aller vous asseoir sur les bancs d'en face" (ndlr : avec les trois avocats qui défendent Bissonnet !). Me Chalié : "Et vous, vous devriez être à côté des avocats généraux". C'est que, depuis le début du procès, tous ceux et celles (gendarmes, experts, témoins), dont le témoignage met le mari en difficulté font l'objet d'un traitement particulier, qui frise l'irrespect. La stratégie est de les destabiliser. Me Chalié n'a-t-elle pas osé subodorer que le frère de Bernadette a été un temps soupçonné ? "N'avez-vous pas été obligé de donner votre alibi, le soir des faits, aux gendarmes ?" a-t-elle demandé à Jean-Pierre Juan, effaré.
Chassés du funérarium
Le frère de Bernadette ne se laisse pas faire. Il dénonce les pressions dont il a fait l'objet de la part des Bissonnet, "dès qu'ils ont appris que je m'étais constitué partie civile, trois mois après l'assassinat de Bernadette. Les fils de Jean-Michel m'ont reproché d'être à l'origine de l'incarcération de leur père". Sa femme, Dominique Juan, 55 ans confirme l'existence de ces pressions "par téléphone et par courrier". Au bord des larmes, elle s'adresse à la cour et aux jurés : "Le jour des obsèques, le samedi 15 mars, nous nous sommes rendus au funérarium de Grammont pour voir une dernière fois Bernadette et pour veiller son corps, nous avons emmené mon beau-père, Pierre Juan. Il voulait mettre des fleurs et des photos dans le cercueil de sa fille adorée, il n'a pas pu. Les Bissonnet ont débarqué, Jean-Michel était énervé, ils nous a tous chassés du funérarium. Plus tard, au cimetière, quand Bernadette était mise en terre, Jean-Michel s'est isolé, il téléphonait avec son portable, nous avons été choqués". Le bâtonnier Gérard Christol qui défend Méziane Belkacem intervient : "Nous savons grâce à la téléphonie que ce matin-là, M.Bissonnet a conversé huit minutes avec le vicomte Amaury d'Harcourt"...
Veste polaire
Du vicomte et de Belkacem, il en aurait été question dès la nuit des faits, selon Jean-Pierre et Dominique Juan : "Après nous avoir dit que c'était un cambriolage ayant mal tourné, Jean-Michel a changé de version, en nous disant qu'il avait des soupçons sur Méziane Belkacem qui lui avait demandé un prêt de 5.000 euros l'après-midi de l'assassinat. Puis, il nous a révélé, à notre grande surprise, que le vicomte était passé à la villa de Castelnau-le-Lez, le soir des faits, pour récupérer une veste polaire oubliée en fin d'après-midi. Jean-Michel nous a même donné le prix au centime près, 24,90 euros. Jean-Michel nous a dit ça trois heures à peine après la découverte du corps". Jean-Robert Phung est intéressé : "Comment M.Bissonnet pouvait-il savoir qu'Amaury d'Harcourt était venu à la villa de Castelnau vers 21 heures le soir des faits, puisqu'ils ne se sont jamais vus, ni téléphonés avant le lendemain matin ? Et surtout, pourquoi le vicomte s'est-t-il rendu à la villa en sachant que M.Bissonnet n'y était pas, puisqu'il était au Rotary et en sachant que Mme Bissonnet ne l'aimait guère ?". Dans son box, Jean-Michel Bissonnet s'énerve, comme ses avocats : "Nous verrons bientôt que les menteurs ne sont pas ceux qu'on croient".
Le divorce comme mobile ?
Jean-Pierre Juan résiste courageusement aux insinuations : "Il n'y a qu'une vérité, c'est celle de Belkacem et ce procès le démontre. La preuve est faite". Il énumère touts les détails qui ont installé le doute sur le rôle de son beau-frère : le chien Pit qu'il enlève de la villa pour qu'il n'aboie pas à l'ouverture du portail laissant entrer Belkacem, le renseignement donné cinquante jours avant que le fusil de chasse soit récupéré dans le Lez en précisant qu'il est à canon scié, la phrase, terrible faite la nuit des faits : "Ne t'inquiètes pas pour moi, je vais refaire ma vie", la transmission très tardive du numéro de mobile de Belkacem aux gendarmes, deux jours après que le couple Juan lui ait communiqué, l'insistance manifestée par Jean-Michel pour que le vicomte appelle Belkacem, le lendemain des faits, l'aveu d'avoir essayé de joindre sur son téléphone portable le vicomte la nuit des faits, à 4h27 pour lui annoncer la mort de Bernadette, alors qu'il ne fera prévenir ses deux fils que le lendemain matin...Sans prendre conscience de la portée de sa petite phrase lâchée en fin de déposition, Dominique Juan a peut-être livré le mobile de l'assassinat de Bernadette Bissonnet : "Quand Jean-Pierre a divorcé pour se remarier avec moi, ça a énormément déplu à son père. Mon beau-père n'admettait pas qu'on puisse divorcer dans la famille"...Une froide exécution commanditée pour régler un impossible divorce ?
Jean-Marc Aubert


4 commentaires:

Damien a dit…

J'ai découvert ce blog dimanche et ai passé la journée à lire tous les anciens billets.

Merci de vos comptes-rendus précis et détaillés, qui complètent efficacement ce que l'on peut trouver dans la presse locale et nationale. J'attendais impatiemment le compte-rendu de la journée d'hier. Et je vois que de nombreux internautes reprennent vos écrits dans les commentaires du Fig, M-L, etc.

Dommage qu'il n'y ait pas une petite notice "qui je suis" comme sur d'autres blogs, pour mieux connaître votre parcours, hormis l'indication que vous avez donnée il y a quelques temps, d'être un ancien chroniqueur judiciaire, ce qui explique votre oeil acéré sur ce qui se passe à l'audience.

Cordialement

Damien

La Mouette a dit…

Merci de votre commentaire et de vos félicitations pour mes "papiers".Je suis journaliste professionnel depuis 30 ans, j'ai commencé ma carrière à Var-Matin, puis à La Provence, avant de travailler durant 12 ans à Midi Libre, où j'étais reporter régional en charge des faits-divers et des affaires judiciaires. Enfin, j'ai travaillé à La Gazette de Nîmes, puis à celle de Montpellier. J'ai toujours géré les faits-divers et j'ai suivi de très nombreux procès comme chroniqueur judiciaire.

Damien a dit…

Merci infiniment de cette réponse courtoise et détaillée ;-)!

Anonyme a dit…

Merci M. le chroniqueur vos commentaires sont trés objectif et précis c'est un plaisir de vous lire et encore BRAVO à LAGGLORIEUSE