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9 févr. 2011

La défense de Jean-Michel Bissonnet : "Trop de plombs et trop de bourres"

COUR D'ASSISES DE L'HERAULT, MERCREDI 9 FEVRIER 2011, VINGT DEUXIEME AUDIENCE DU PROCES DES TROIS ACCUSES DE L'ASSASSINAT DE BERNADETTE BISSONNET, LE 11 MARS 2008 A CASTELNAU-LE-LEZ.

Aux certitudes absolues longuement développées le matin par Iris Christol et son père, le bâtonnier Gérard Christol, les défenseurs de Méziane Belkacem, pour qui la culpabilité de son ex-employeur, Jean-Michel Bissonnet ne fait aucun doute, ont succédé l'après-midi les doutes du bâtonnier Frédéric Vérine, puis de Nathalie Sényk, deux des trois avocats du mari. Avant qu'Henri Leclerc ne s'exprime demain matin. Il plaidera l'acquittement au bénéfice du doute. Avec Jean-Michel Bissonnet assis dans le box ? Celui qui est jugé depuis un mois pour avoir commandité l'assassinat de sa femme a refusé ce matin d'assister au procès. Lapsus révélateur de celui que les parties civiles et l'accusation présentent comme un comédien, comme un acteur de cinéma ? Il a dit à l'huissier de justice venu lui faire signer la sommation interpellative, avant de repartir dans sa cellule : "Je ne me présente pas à cette séance"...Le bâtonnier Christol voit plutôt en lui "un écrivain qui a écrit ce scénario diabolique dans l'ombre, avec des distances pour ne pas y apparaître et laisser des traces, avec une victime, sa femme et deux guignols qu'il a manipulés. Voyez-vous, son objectif a presque été atteint : si le crime avait été parfait, il n'y aurait eu que Méziane Belkacem et le vicomte Amaury d'Harcourt ici. Comme depuis hier, il n'y aurait eu que deux accusés dans cette cour d'assises. Jean-Michel Bissonnet aurait été assis sur le banc des parties civiles entre ses deux fils. Mais, le laveur de carreaux s'est blessé en tirant sur Bernadette Bissonnet et ce plan de génie s'est écroulé". Dans une démonstration crédible, fouillée, ponctuée d'humour au point de déclencher des rires dans le public, Gérard Christol a écarté la thèse de la défense : "trois tirs sur Mme Bissonnet, peut-être deux tireurs, c'est exclu totalement, matériellement et scientifiquement". Ses confrères qui vont soutenir cette hypothèse pour sauver Bissonnet font la gueule, Henri Leclerc fusille du regard le vieux routier des prétoires. "45 ans ici et dans d'autres cours d'assises, où j'ai assisté à des choses qu'il était impensable de vivre la veille. Tout le monde disaient, non, ce n'est pas possible : une mère qui a étranglé ses trois petits, si, si. Une autre qui avait congelé son nourrisson, si, si. Et ce père qui violait sa fille depuis vingt ans, si, si. Et ce directeur d'auto-école en larmes qui tapait sur le cercueil de sa femme dans le cimetière et qui était confondu une semaine après : il avait maquillé son assassinat en accident, si, si. Alors, pourquoi un mari n'aurait pas commandité l'assassinat de sa femme ?" remarque Gérard Christol.
Divorce interdit
Le bâtonnier a trouvé le mobile : "Chez les Juan, il est interdit de divorcer. Jean-Pierre, le frère de Bernadette l'avait appris à ses dépens, son père, Pierre Juan lui avait tourné le dos, lui préférant depuis son remariage Bernadette et son gendre, Jean-Michel Bissonnet. Il ne pouvait pas divorcer de cette femme qu'il admirait, mais qui était dominatrice. Elle ne lui procurait pas de fantaisie, alors il allait sur les sites de rencontres pour pimenter sa vie. Quand on associe toutes les pièces du puzzle, on arrive à ce constat incontournable : M.Bissonnet a organisé l'assassinat de sa femme. J'ai fait un rêve : il suffirait d'un mot pour qu'il libère sa conscience". Auparavant, Iris Christol, dans une plaidoirie subjuguante et bouleversante a reconstitué l'itinéraire de Méziane Belkacem, contre lequel l'accusation a requis vingt-cinq ans de réclusion criminelle. Avec ses tripes, elle a raconté cet abandon à l'âge de trois ans par son père et sa mère en Kabylie, de son quotidien pénible chez ses grands parents qui le laissent à son triste sort, ses errances jusqu'à l'adolescence où il trime dur. "Il était seul sur son île déserte, il voulait construire un pont pour venir en France" note-t-elle. L'espoir de revoir son père, à l'âge de 19 ans en France se concrétise : "Méziane est arrivé à l'aéroport de Paris avec une valise, il a cherché son père, celui-ci ne l'a pas reconnu, ils se sont manqués. Méziane est resté cinq jours assis sur sa valise dans l'aérogare, avant qu'un policier ne le remarque. Le médiateur de la République a mis une semaine pour retrouver la trace de son père, qui avait changé de prénom. Mais, ça s'est mal passé, Méziane était trop envahissant. Il s'est marié, a eu un superbe fils, Reynald, vous pouvez être fier de vous M.Belkacem. Puis, il a divorcé, il s'est remarié, jusqu'à son deuxième divorce, quelques semaines avant les faits".
Pacte de sang
Iris Christol évoque "l'admiration sans borne que vouait Méziane Belkacem à Jean-Michel Bissonnet, qui, avant de laver les 400 m2 de baies vitrées lui offrait le café. Il lui parlait de sa réussite, Méziane était admiratif : la propriété des Bissonnet, la Grenouillère, c'était la plus grande de Castelnau, il n'y avait pas une maison, mais deux, la grande et la petite il n'y avait pas une piscine, mais deux, une dehors, l'autre à l'intérieur, il n'y avait pas une télé Plasma, mais deux. M.Bissonnet lui répétait qu'il allait l'aider. Et puis, dans les conversations banales autour du café, il lui a parlé de Bernadette, méchante, emmerdeuse, chiante, autoritaire, qui faisait chambre à part. Bissonnet a insisté sur ce huis clos insupportable. Il a armé Méziane Belkacem pour supprimer Bernadette, Méziane l'a fait pour lui, par pitié. Comme un pacte de sang que font les enfants". Pour la défense, tout sonne faux. Le bâtonnier Frédéric Vérine va s'attacher, procès-verbaux en main, à montrer que l'enquête des gendarmes n'a pas été aussi impartiale : "Certes, je ne vais pas jusqu'à dire qu'il y a de la forfaiture de leur part, non, mais, il est incontestable que les enquêteurs ont bâti leurs certitudes hâtivement sur la culpabilité de Jean-Michel Bissonnet. Des témoins dignes de foi sont quand même venus nous le dire ici". Et puis pour Me Vérine, peu convaincant, le couple Bissonnet filait le parfait amour : "Et le mobile ? Mais, il n'y en a pas. L'hypothèse Bernadette mante-religieuse, ça ne colle pas, la vente de la villa paradisiaque, ça ne tient pas. L'argent ? Il était trois fois plus riche que Bernadette".
"Y a pas de scène du garage"
Nathalie Sényk lui succède. Elle s'accroche à la thèse des trois coups de feu : "Belkacem ne nous pas tout dit, il a tiré deux cartouches, il a rechargé, ou après avoir tiré, un complice a achevé Mme Bissonnet, j'en suis convaincue". Et l'avocate de développer des comptages, des équations, des comparaisons, d'abreuver les jurés de chiffres. En résumé, en se basant énonce-t-elle, sur les rapports du médecin-légiste, du technicien en identification criminelle (Tic) de la gendarmerie, Patrick Gonzalès, "qui a réalisé un travail remarquable, exceptionnel" relève-t-elle au passage et des experts en balistique, il y a trop de plombs sur la scène du crime (130 environ) pour la thèse des deux tirs et il y a trop de bourres retrouvées sur les lieux, autour du cadavre de Bernadette Bissonnet. Me Sényk évoque également l'épisode du garage, le jour des faits en début de soirée. Selon Belkacem et le vicomte, Bissonnet aurait pris la place de la morte pour mimer la scène de l'exécution, pour montrer au laveur de carreaux le maniement du fusil de chasse : "Ils nous disent que ça s'est fait vers 18h30. Or, on sait que M.Bissonnet ne pouvait jamais être dans le garage à) cette heure-là, ni plus tard, car il consultait un site sur Internet. Y a pas de scène du garage, c'est une invention pour cacher la réalité du complot préparé par le vicomte et Belkacem". Comme Me Vérine, Me Sényk a martelé aux jurés : "Acquittez Jean-Michel Bissonnet". Une démonstration qui s'effondre, à cause de ce détail capital : si Jean-Michel Bissonnet est innocent, pourquoi a-t-il pris l'énorme risque de grimper au premier étage de la villa après avoir découvert le corps de sa femme, alors qu'il y avait des taches de sang frais sur les marches de l'escalier ? S'il est monté à l'étage pour enfermer le chien Pit dans une chambre, c'est qu'il savait que l'assassin n'y était pas et pour cause : en rentrant du Rotary, il avait remarqué l'absence du 4x4 de Bernadette dans la propriété. Dans le plan machiavélique, il était prévu que Méziane Belkacem reparte avec ce véhicule pour le garer 200 mètres plus loin, en laissant l'arme du crime sur un siège pour que le vicomte la récupère...Belkacem a respecté le plan à la lettre. Verdict demain après-midi.
Jean-Marc Aubert

9 commentaires:

Damien a dit…

Bonsoir,

Et alors ;-)? Les fans dont je suis, et qui sont de plus en plus nombreux, ont failli attendre!

C'est un vrai régal tous les soirs de lire votre billet.

La petite Christol a été remarquable comme son père, de la race des grands pénalistes, les 2 avocats de la défense pitoyables.

A demain

Damien

clarinette a dit…

les faits relatés et démontrés ne permettent votre analyse et je me demande par quelle audace vous pouvez en plus écrire de tels propos , c'est très grave et de plus , on s'en fout de votre analyse, on a une cervelle et contentez vous de raconter les faits, rien que les faits.........

mc a dit…

ça y est, le fan club a fait main basse sur votre blog ! Mais je suis d'accord avec Clarinette : Il ne faut pas charger Monsieur Bissonnet. Il n'y a qu'un coupable, c'est Mister Fennec...

clarinette a dit…

en reponse à mc, je ne fais partie d'un aucun fan club, je suis mère de famille dont mon fils est lui aussi passé aux assises de montpellier et les medias ont salement banis leur métier de journaliste, en prenant leur ressentis pour des vérités, des propos lus par le peuple, et dont bien souvent , les commentères ou avis sont orientés ou biaisés.je vous conseille d'assister à une plaidoirie et vous comprendrez que tout n'est que cinéma , que les dés sont joués d'avance car il n'y a pas de justice, ce n'est qu'une affaire de fric dont la franc maçonnerie, surtout à montpellier tire les ficelles clarinette

Anonyme a dit…

L'argent ? Il était trois fois plus riche que Bernadette".
Alors JMB est vraiment un ... pourquoi avoir une femme qu'il dit l'emmer... un divorce simple et tranquille au lieu d'un assassinat.

La Mouette a dit…

Les sbires se manifestent comme l'a si bien plaidé Jean-Robert Phung.

Anonyme a dit…

Verdict dans 10 minutes.....!

Anonyme a dit…

Ca y est le verdict est tombé!
Fin du 1ier procés, la suite en APPEL.

Anonyme a dit…

Le verdict vient d'être rendu.
D'Harcourt : 8 ans de prison
Belkacem : 20 ans de réclusion
Bissonnet : 30 ans de réclusion.