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8 févr. 2011

La réclusion criminelle à perpétuité requise contre Jean-Michel Bissonnet

COUR D'ASSISES DE L'HERAULT, MARDI 8 FEVRIER 2011, VINGT-ET-UNIEME AUDIENCE DU PROCES DES TROIS ACCUSES DE L'ASSASSINAT DE BERNADETTE BISSONNET, LE 11 MARS 2008 A CASTELNAU-LE-LEZ.

Cinq heures de réquisitions : les avocats généraux Georges Guttierez et Pierre Denier ont pris le temps pour asseoir l'accusation contre l'improbable trio, jugé depuis le 10 janvier pour leur implication dans l'assassinat de Bernadette Bissonnet, "une épouvantable exécution". Avec au bout des peines requises implacables : la réclusion criminelle à perpétuité contre Jean-Michel Bissonnet (sans fixer un seuil de sûreté dont le maximum est de 22 ans), vingt-cinq ans de réclusion contre Méziane Belkacem, dix ans avec mandat de dépôt contre le vicomte Amaury d'Harcourt, en liberté sous contrôle judiciaire depuis les faits. "J'aurai aimé lui annoncer mes réquisitions en face, je regrette qu'il ne soit pas là" a dit Pierre Denier, stigmatisant la fuite du mari, qui refuse d'assister au procès depuis mardi soir. Ce matin, il a été extrait de la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, mais il s'est dérobé de nouveau, laissant Belkacem seul dans le box. Après qu'un huissier de justice ait constaté ce refus, il a été ramené en cellule. Selon les dires de ses avocats, il brillerait par son absence ce mercredi, mais accepterait de venir jeudi, pour un verdict attendu dans l'après-midi. Georges Gutteriez et Pierre Denier ont analysé, décortiqué, disséqué au millimètre près tous les mensonges, toutes les incohérences, toutes ces contradictions qui fourmillent dans les 35.000 feuillets de la procédure qui font de Jean-Michel Bissonnet, l'incontournable commanditaire de la froide exécution de sa femme. Des réquisitions méticuleuses, à l'image du plan diabolique inventé par le mari pour réussir le crime parfait, un scénario élaboré avec une précision chirurgicale. "Mais, il y a eu ce grain de sable, le tireur, Méziane Belkacem qui s'est blessé au pouce gauche en tuant la malheureuse. Il a laissé son sang sur la scène du crime et donc son ADN. Dès le soir du 11 mars 2008, en découvrant que son plan avait foiré, Jean-Michel Bissonnet a compris qu'il était cuit" a expliqué Pierre Denier. L'avocat général a mis l'accent sur "le coup de génie de Jean-Michel Bissonnet avec ce cloisonnement étanche entre ceux qu'il a décidé de manipuler, Belkacem, le laveur de carreaux qui a pitié pour son employeur qui lui raconte que Bernadette veut divorcer et le vicomte Amaury d'Harcourt, qui n'apprend le projet funeste que le soir des faits, découvrant en même temps l'existence du tueur, à qui il na parlé que quelques minutes à peine l'après-midi même, dans la propriété de la Grenouillère". Pierre Denier a regretté que "les deux hommes n'aient pas eu le courage de tout arrêter, que le vicomte n'ait pas alerté Bernadette de ce qui se tramait et que Belkacem ait achevé la victime, vivante après le premier coup de feu, puisqu'elle a essayé de se relever. Vous avez tiré le coup de grâce".
Cinq clés
D'une précision d'horloger, Georges Guttierez a qualifié "de vérité judiciaire l'implication de M.Bissonnet dans l'assassinat de son épouse". S'adressant aux jurés, il leur a demandé "de ne pas adhérer à la thèse du complot monté par le vicomte et Belkacem à l'insu du mari, c'est une fable inventée de toutes pièces par M.Bissonnet pour vous égarer". L'avocat général livre cinq clés : "La première, la subornation de témoins -le mari a tenté de soudoyer deux co-détenus pour faire accuser le vicomte- constitue la preuve évidente que Jean-Michel Bissonnet est capable d'élaborer dans les moindres détails un plan machiavélique. La deuxième, un plan B si ça se passe mal, faire porter le chapeau à l'Arabe de service comme il nomme Belkacem. C'est ce qu'il fait quand il découvre qu'il s'est blessé : il lance les gendarmes sur sa piste. La troisième clé, ce sont les aveux circonstanciés et détaillés du scénario dicté par le mari, il n'a pas pu inventer tout ça. La quatrième, l'impossible rencontre entre Belkacem et le vicomte qui, en quatre minutes le jour des faits n'ont pas pu monter un complot; et enfin, cinquième clé, la personnalité de M.Bissonnet, qui contient le secret du mobile de l'assassinat de sa femme : il faisait croire à tous, y compris à ses enfants qu'il était heureux, c'est faux, ce n'était qu'une idylle de cartes postales". Son collègue, Pierre Denier est allé plus loin : "Qu'on ne me dise pas que le couple filait le parfait amour, quand on sait que Jean-Michel Bissonnet multipliait les connexions sur des sites de rencontres sadomasochistes, fétichistes et homosexuels". Sur son fauteuil, Marc, le fils cadet du mari est chaud bouillant. Comme son frère Florent devra le calmer, lorsque Pierre Denier, debout face aux deux enfants évoquera les deux coups de téléphone passés le soir des faits par leur père : "Le premier était pour vous, l'autre pour Pierre Juan, le papa de votre mère. Ils sont appelés à 19h35, puis à 19h48 et vous savez pourquoi ? Parce que votre père s'assurait avant de partir au Rotary que ni vous, ni Pierre Juan ne téléphoneriez à votre mère plus tard, car ils risquaient de compromettre le scénario sordide. Et puis, ces coups de fil, c'étaient aussi et surtout un alibi. C'était de dire aux gendarmes, quand je l'ai quittée, Bernadette était en vie". Pour les avocats généraux, le mécanisme mis au point par Jean-Michel Bissonnet pour réussir le crime parfait est diabolique. "La défense va vous dire que le dossier est vide, qu'il n'y a pas une seule preuve. Vous en voulez des preuves. Tiens, deux parmi d'autres résument la culpabilité du mari : il a amené le chien Pit avec lui au Rotary et il a téléphoné à sa femme pour la prévenir. Ce détail capital est livré par Méziane Belkacem lors de sa garde à vue : comment pouvait-il le connaitre ? Ce n'est que début mai qu'on retrouvera l'arme du crime, sur les indications du vicomte : comment Jean-Michel Bissonnet pouvait-il savoir cinq jours après les faits, donc deux mois plus tôt que le fusil de chasse était à canon scié, comme il l'a écrit à son frère ?" assène Georges Guttierez.
"Le mobile, c'est le fric"
Avant l'accusation, au lendemain de la plaidoirie de son confrère Luc Abratkewicz, le redoutable pénaliste Jean-Robert Phung a longuement développé les éléments indiscutables qui sont à charge pour sceller le sort de Jean-Michel Bissonnet. Il parle "de l'inquiétant, de l'extravaguant, du geignard, du manipulateur, du menteur, du transformiste et du pervers, j'ai nommé Jean-Michel Bissonnet". Un mari prêt à tout pour s'en sortir, après le tir maladroit de Méziane Belkacem : "Vous vous rendez compte de quoi il est capable : pour soudoyer deux co-détenus afin qu'ils viennent accabler le vicomte lors du premier procès, Jean-Michel Bissonnet leur a procuré la photo de Bernadette". Aux yeux de Jean-Robert Phung, "le mobile, c'est le fric. Si Belkacem ne s'arrache pas l'ongle, c'est le crime parfait, Jean-Michel Bissonnet hérite de tout : de la villa de ses rêves, son paradis comme il le répète, des parts et des actions de Bernadette.". Mais, il a prévenu les jurés : "le code pénal vous demande de déterminer le meurtre, le préméditation et vous devrez d'ailleurs répondre à ces questions lors de votre délibéré, mais, le code pénal ne vous oblige pas à trouver de mobile pour condamner. Souvenez-vous en".
Jean-Marc Aubert

2 commentaires:

Anonyme a dit…

merci pour votre compte rendu. Limpide !

La Mouette a dit…

Merci.