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3 févr. 2011

L'assistant du mari : "M.Bissonnet est un sanguin qui aime titiller"

COUR D'ASSISES DE L'HERAULT, JEUDI 3 FEVRIER 2011, DIX-HUITIEME AUDIENCE DU PROCES DES TROIS ACCUSES DE L'ASSASSINAT DE BERNADETTE BISSONNET, LE 11 MARS 2008 A CASTELNAU-LE-LEZ.

Ce jeudi matin, quand Cédric L., 35 ans a décrit son patron, Jean-Michel Bissonnet comme "un sanguin qui aime titiller, il titillait Bernadette parfois, il a un côté provocateur que beaucoup de gens détestent, M.Bissonnet aime aussi l'humour noir", il ne croyait pas si bien dire. Assistant du mari dans la société d'archivage Mémoris au Millénaire (l'entreprise stocke 30 kilomètres d'archives des cabinets d'avocats, de notaires et d'huissiers d'ici), il a eu cette image, en précisant que "certes, c'est un sanguin qui aime titiller, mais il n'est pas rancunier, il est impulsif, mais deux heures après, il a oublié et il s'excuse s'il s'est trompé". Dans l'après-midi, l'accusé a démontré que s'il aime titiller, en revanche, il a horreur d'être titillé ! Il est 17h35, quand Jean-Michel Bissonnet, une fois de plus excédé par une remarque de Luc Abratkewicz, l'avocat du frère de Bernadette sur le témoignage partial du président du comité de soutien à l'accusé, souhaite intervenir. Refus du président, qui souhaite que le témoin, Claude Jacquemin termine sa déposition très controversée. Furieux, Jean-Michel Bissonnet se lève et quitte le box, se réfugiant dans la salle de garde des gendarmes de l'escorte. Le président, Joël Mocar suspend l'audience, demande à un psychiatre d'examiner l'accusé, qui demande trois cachets d'Atarax, un médicament prescrit en cas d'anxiété et que "le médecin-chef de la prison refuse de me donner depuis plusieurs jours", comme il s'en était déjà plaint le matin, en début d'audience. Vendredi matin, avant de quitter la maison d'arrêt, M.Bissonnet sera examiné par son psychiatre qui suit son traitement depuis son incarcération préventive, à la demande expresse du président de la cour.
Comité de soutien
Les débats reprennent après une heure d'interruption, mais l'accusé, tassé dans un recoin du box, le visage enfoui dans ses mains, s'essuyant les yeux avec un mouchoir semble ne pas suivre l'interrogatoire des témoins, principalement des membres du Rotary-Club Rabelais, dont il était le trésorier à l'époque des faits. "Je suis ici non pas en tant que rotarien, mais comme ami de M.Bissonnet" tient à préciser Claude Jacquemin, qui explique longuement comment il a accepté de prendre la présidence du comité de soutien en faveur du mari, "qui est étranger à ce crime abominable, c'est ridicule et invraisemblable, il n'y a aucun doute là-dessus. Cet assassinat, c'est un travail d'amateur, mal fait, avec des choses qui ne collent pas, Jean-Michel Bisonnet, s'il était le commanditaire ne se serait pas embarrassé d'un laveur de carreaux n'yant jamais tenu un fusil et d'un vieux monsieur, quand M.Bissonnet faisait les choses, c'était carré". Il rectifie un peu son jugement : "Ce comité de soutien n'a pas à dire si M.Bissonnet est innocent ou coupable, nous l'avons créé pour que le principe de la présomption d'innocence soit appliqué. Comme le vicomte Amaury d'Harcourt, M.Bissonnet doit en bénéficier et il devrait donc comparaître devant vous, libre. On a invoqué depuis trois ans pour le maintenir en détention le risque de trouble public, ça n'a aucun sens". Question du président : "Et selon vous, M.Belkacem devrait être en liberté aussi ?". Sonné sur le coup par cette question, le retraité s'embrouille et met en cause le travail des gendarmes, des juges d'instruction, du procureur.
Sondage
L'avocat général Georges Guttierez se lève : "Monsieur, ce comité de soutien n'est-il pas plutôt un groupe de pression pour obliger les juges à remettre M.Bissonnet en liberté ?". Claude Jacquemin, embarrassé : "Non, absolument pas, notre but était de faire bénéficier à Jean-Michel Bissonnet du principe de la présomption d'innocence, bafoué notamment par la presse, M.Bissonnet a été victime d'une scandaleuse campagne médiatique, on a même écrit qu'il avait des relations sexuelles avec le vicomte, c'est abject. Ces rumeurs, c'est pire que l'affaire Baudis". (Ndlr : Dominique Baudis, ex-maire de Toulouse accusé à tort d'avoir couvert des pédophiles, des ballets roses et d'avoir protégé le tueur en série Patrice Alègre)". Luc Abratkewicz intervient : "Les premiers à avoir médiatisé cette affaire sont M.Bissonnet, ses deux fils et leurs premiers avocats. Le comité de soutien que vous présidez a participé à cette médiatisation pour appuyer l'innocence de M.Bissonnet, notamment en faisant réaliser un sondage, que vous avez fait publier dans Le Midi Libre". Colère de l'accusé qui traite Me Abratkewicz de "menteur", insultes entre avocats, brouhaha dans la salle, l'audience est encore suspendue quelques minutes. Agacé, Henri Leclerc relève que "quand on parle en bien de M.Bissonnet, ça dérange, ça gêne".
Appels tardifs
Plusieurs témoins sont venus dire à la cour que le couple Bissonnet était proche, uni, inséparable. Qu'ils n'y avait pas l'ombre d'un nuage dans les relations entre Jean-Michel et Bernadette Bissonnet. Tous sont membres du comité de soutien et affichent sans équivoque leur conviction : le mari est innocent. Martine H-F, amie du couple depuis quinze ans : "Un jour, j'ai vu Jean-Michel souffler doucement dans le cou de Bernadette, ils s'aimaient. Un autre jour, elle fumait et Jean-Michel lui a apporté un cendrier, c'était touchant". Paul Rico, considéré par M.Bissonnet comme son meilleur ami : "C'était un couple parfait, un exemple pour leurs enfants. Bernadette était adorable, irréprochable". Son épouse confirme : "Elle me parlait sans cesse de sa joie d'être bientôt grand-mère. On se voyait trois fois par semaine". Tous le répètent : Bernadette Bissonnet n'aimait pas le vicomte Amaury d'Harcourt, qu'elle qualifiait de pique-assiette. Les meilleurs amis du couple sont interrogés par Joël Mocaer pour savoir à quel moment ils ont appris l'assassinat de Bernadette Bissonnet : tardivement, très curieusement, le lendemain après-midi pour certains, seulement la veille de l'enterrement pour d'autres. Aucun ne s'est demandé pourquoi Jean-Michel Bissonnet avait "oublié d'annoncer l'horrible nouvelle à ses deux fils et à ses meilleurs amis, alors qu'il avait cherché à joindre le vicomte à 4h07 la nuit des faits, puis à 7h le lendemain matin. Pour l'informer de l'assassinat de sa femme, comme il l'a encore dit au procès...
Jean-Marc Aubert


Francis Spitzner présent dans le public
Le pénaliste Francis Spitzner a fait un bref passage parmi le public, dans la salle de la cour d'assises ce jeudi en fin de matinée. Avocat de Jacques Chirac, d'Alain Juppé, du cerveau du "gang des barbares" et partie civile dans les procès du professeur de droit Viguier, accusé d'avoir assassiné sa femme à Toulouse et de l'avoir faite disparaître -son corps n'a jamais été retrouvé et il a été acquitté deux fois-, Francis Spitzner a écarté toute éventualité de s'inviter dans le procès de Jean-Michel Bissonnet et de ses deux co-accusés, au côté de son confrère Henri Leclerc. Il se trouvait jeudi à Montpellier pour plaider un dossier impliquant un avocat et élu des Pyrénées-Orientales, devant la cour d'appel. Il a regagné Paris dans l'après-midi.

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