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2 févr. 2011

Une amie : "Bernadette était une femme dynamique, enthousiaste, très famille"

COUR D'ASSISES DE L'HERAULT, MERCREDI 2 FEVRIER 2011, DIX-SEPTIEME AUDIENCE DU PROCES DES TROIS ACCUSES DE L'ASSASSINAT DE BERNADETTE BISSONNET, LE 11 MARS 2008 A CASTELNAU-LE-LEZ.

Enfin un hommage à Bernadette Bissonnet. Depuis le début du procès, il en a été question bien sûr, mais furtivement, sans véritablement dresser le profil de cette pharmacienne à la retraite de 57 ans, injustement tuée de deux décharges de fusil de chasse, dans le hall d'entrée de la villa du couple. Ce soir-là, alors que son mari venait de partir à sa réunion hebdomadaire du Rotary-club et qu'elle sirotait un Coca-Cola devant la télé, quand elle a compris qu'elle allait mourir, elle a levé ses deux bras devant son visage, comme pour se protéger et elle a crié "Maman", comme l'a raconté Méziane Belkacem. Le laveur de carreaux maintient qu'il a abattu la malheureuse à la demande de Jean-Michel Bissonnet, selon un plan machiavélique élaboré, selon lui avec la complicité du vicomte Amaury d'Harcourt. L'aristocrate ruiné reconnaît avoir jeté l'arme du crime dans le Lez et assure sans concession : "Belkacem dit la vérité". Un improbable trio qui se côtoie jusqu'au verdict, attendu en fin de semaine prochaine. Une mort violente épouvantable pour une jolie quinquagénaire qui ne méritait pas un tel sort. Alors, on a évoqué la vie écourtée de Bernadette Bissonnet, ce qui a fait beaucoup de bien aux deux fils, toujours convaincus de l'innocence de leur père. Très peu d'amies ont été citées, mais celle qui en a parlé le mieux en début d'après-midi, Michèle P-K, 56 ans n'a pu retenir ses larmes : "Mme Bissonnet était adorable, elle était gentille, avenante, c'était une sportive, elle allait à sa gym et on courait ensemble tous les samedis matin. Souvent, on se revoyait le soir pour dîner. Bernadette était une femme dynamique, enthousiaste, très famille. Elle me parlait tout le temps de ses enfants, elle était heureuse de savoir que l'aîné, Florent allait être papa. Et elle était impatiente de monter quelques jours à Paris chez Marc, le plus jeune, avec qui elle était très proche. Bernadette n'était pas secrète, elle me parlait de son mari, le couple paraissait heureux, je n'ai rien noté d'anormal dans sa relation, il était fusionnel". Très émue, elle ajoute : "Jamais elle ne critiquait son mari, ce qui est plutôt rare pour une femme. Elle avait de l'humour".
"Elle s'ennuyait"
Le président, Joël Mocaer lui rappelle ce qu'elle a pourtant déclaré aux gendarmes, après l'assassinat de son amie : "Vous avez dit que Bernadette Bissonnet vous avait déclaré que son mari était un peu trop casanier". Michèle P-K : "Oui, c'est vrai, elle me l'avait dit un jour. Moi, je ne le pensais pas, car le couple faisait beaucoup de voyages à l'étranger". Le président : "Vous avez déclaré aussi qu'elle s'ennuyait". Le témoin : "Oui, c'est ce qu'elle me disait parfois, elle s'ennuyait chez elle, elle envisageait de reprendre le travail, elle m'a dit, je ne veux plus être la femme de. Elle évoquait des disputes avec Jean-Michel, notamment à cause de Marc, mais je n'en ait jamais été témoin directement. D'après ce que Mme Bissonnet me rapportait, son mari ne supportait pas qu'elle prenne toujours la défense de Marc". Jacqueline B. lui succède à la barre. Cousine éloignée de Jean-Michel Bissonnet, il l'a surnomme affectueusement "ma grande soeur" dans une écoute téléphonique. Psychologue de profession, cette cousine lâche spontanément au président : "Jean-Michel n'y est pour rien dans cette affaire". Invitée à expliquer pourquoi, elle est catégorique : "Depuis trois ans je cherche, je comprends rien à tout ça et surtout, il n'y a pas de mobile. Jean-Michel adorait Bernadette, ils étaient inséparables il n'a pas pu la faire tuer dans leur villa de rêve. Je pense que c'est un coup monté par le vicomte et par le jardinier. Ou alors, Mr le président, c'est un monstre".
"Elle m'a emmerdé"
Mais cette idylle parfaite n'était-elle qu'une façade ? A la fin de l'écoute téléphonique diffusée dans la salle -une conversation entre elle et M.Bissonnet interceptée deux jours après l'enterrement de sa femme-, l'accusé lâche à Jacqueline B. : "La roue tourne tu sais, Bernadette m'a tellement emmerdé, elle est inoubliable". Iris Christol, l'avocate de Belkacem constate que "M.Bissonnet ne pleure pas en tenant de tels propos envers son épouse". La cousine avoue ne pas être choquée : "Jean-Michel était dévasté par la perte sanglante et brutale de sa femme, il était complètement déstructuré par ce drame épouvantable. Il parle comme nous, les Pieds noirs, même après la mort d'un proche, on fait de l'humour". Rires dans le public. Michèle H., l'aide-ménagère des Bissonnet est formelle : "Je venais le matin de 9h à 12h15 trois jours par semaine à la villa de la Grenouillère, je n'ai jamais vu Mr et Mme Bissonnet se disputer. Je faisais le lit, ils dormaient ensemble, contrairement à ce que j'ai pu lire dans la presse". Le président lui demande que lui inspire cette affaire. Michèle H. sans hésiter : "M.Bissonnet est innocent, c'est impossible qu'il soit impliqué dans l'assassinat de Mme. Vous savez, j'ai de suite pensé à Méziane, quand j'étais à la maison, je le voyais regarder partout, dans des tiroirs pour voler des sous, il matait aussi madame. J'ai eu des soupçons sur lui, le jour même où on m'a annoncé ce crime terrible. Bon, il y avait ce détail de l'arme, un fusil de chasse à canon scié, c'est pas dans les habitudes des Arabes, eux, ils égorgent au couteau. Si M.Bissonnet avait voulu tuer sa femme, il l'aurait poussée dans un ravin en Afrique, où ils avaient voyagé quelques mois plus tôt".
"Pourriture, dégueulasse"
Luc Abratkewicz, un des avocats de Jean-Pierre Juan, le frère de la victime qui est partie civile est abasourdi : "Madame, pourquoi tout ce que vous venez de nous dire ici, vous ne l'avez jamais dit aux gendarmes, quand ils vous ont entendue à l'époque. Jamais, vous n'avez avancé des soupçons sur le laveur de carreaux, alors que vous avez été interrogée quatre jours après l'assassinat". Michèle H. est embarrasée : "A ce moment là, j'en voyais pas l'intérêt sûrement". Jean-Michel Bissonnet est agressif, il s'excite dans son box : "J'en ai marre de ces questions, je n'en peux plus, je n'en peut plus". Le président suspend l'audience, le temps que SOS Médecins envoie un docteur donner deux médicaments pour calmer le mari. Plus tard, à la faveur d'une nouvelle question de l'avocat de son beau-frère, Jean-Michel Bissonnet le traite de "pourriture et de dégueulasse", tandis que Florent et Marc laissent éclater leur colère : "ça fait trois ans qu'il nous cherche". Marc Bissonnet quitte la salle, furieux.
Madame Claude
Un journaliste d'une agence parisienne est malmené par Louis Balling, le défenseur du vicomte : "Vous avez été entendu par les gendarmes sur les conditions dans lesquelles vous meniez des investigations parallèles à leur enquête et vous leur avez raconté que M.Amaury d'Harcourt appartenait aux services secrets, qu'il a dirigé les chasses de l'Elysée sous Giscard d'Estaing, qu'il était proche de Madame Claude qui fournissait des call-girls de luxe pour des orgies dans le château de Mr d'Harcourt dans l'Yonne. Or, nous savons que ce ne sont que des rumeurs colportées par Jean-Michel Bissonnet et ses proches. N'avez-vous pas l'impression d'avoir été manipulé ?". Julien M. répond par la négative : "Comme je n'ai jamais eu de preuves, je n'ai jamais publié le moindre article". Luc Abratkewicz a une autre vision : "Vous avez pollué ce dossier". Des témoins défilent ensuite à la barre, tous membres du club de Rotary-club Rabelais, dont l'accusé était le trésorier. Ils étaient 27 le soir de l'assassinat de Bernadette Bissonnet dans un salon du Mercure à Montpellier, aucun n'a remarqué une attitude anormale du mari. Un des adhérents présents, notaire de profession se dit persuadé que "M.Bissonnet ait pu faire une chose pareille, c'est invraisemblable, c'est quelqu'un d'intelligent".
Jean-Marc Aubert

6 commentaires:

JOEL a dit…

L'accusation semble vouloir passer sous silence un mystère : comment trois bourres avec seulement deux cartouches ?
Comment faire entrer plus de plombs que n'en contiennent deux cartouches ?
Il y aurait donc bien eu troisième coup de feu, le coup de grâce. L'arme rechargée par qui, Belkacem étant blessé ?
M. BISSONNET est soumis depuis trois à la négation de la présomption d'innocence alors que ce vicomte ayant avoué sa participation au meurtre, faisant déclaration contradictoire sur déclaration contradictoire, est lui, en liberté ! On marche sur la tête !

Damien a dit…

Cap des 10 000 lecteurs passé haut-là-main, félicitations!

Quel dommage qu'on ne puisse acheter sur le site, comme sur Le Monde, les articles à l'unité! Si le "Bissonnet pour les nuls" est aussi ironique et drolatique que le dessin de presse, cela ne doit pas manquer de sel! Est-ce vous qui l'avez écrit?

Cordialement

Damien

Anonyme a dit…

Question aux defenseurs de JMB:
Comment expliquez-vous le fait que JMB déclare que le fusil utilisé par le tueur Belkacem, ait été soit-disant volé il y a de nombreuses années dans une autre maison de JMB (alors que JMB et Belkacem ne se connaissaient pas à cet époque)?
C'est JMB qui a donné ce fusil à Belkacem et personne d'autre!
Un fusil ça sert à quoi? sinon à tuer...

Anonyme a dit…

Un innocent comme les témoins d' hier pensent qu il le soit dirait il garder un tuyau pour la fin ?

Damien a dit…

A quelle date a eu lieu l'incendie qui a détruit la société d'archivage de JMB (juste avant le dépôt de bilan, selon certains internautes) Rumeurs, calomnies??

Cordialement

Damien

Anonyme a dit…

VOUS ETES ABSOLUMENT SOPORIPHIQUE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! :-) mais bravo quand même !