Deux coups de feu
Une thèse exclue lors de l'instruction par l'expert en balistique Alain Artuso, intervenu la nuit même du drame. Il viendra confirmer dans les prochains jours qu'il n'y a eu que deux coups de feu tirés avec un vieux fusil de chasse de calibre 16. Cette "révélation" sera-t-elle étayée par Bissonnet et ses avocats ? Vont-ils sortir du chapeau un ou des éléments allant dans ce sens ? Pourquoi le mari estime-t-il désormais que Méziane Belkacem n'aurait pas tué sa femme ?
Quand le mari a lâché cette phrase ce vendredi soir, suscitant même la stupéfaction parmi le public -les deux salles de la cour d'assises étaient pleines à craquer-, son système de défense était malmené par le président. Joël Mocaer insistait depuis près de deux heures pour comprendre pourquoi Jean-Michel Bissonnet avait tardé à communiquer aux gendarmes le numéro de téléphone de Méziane -"Je ne connaissais pas son nom à l'époque" dit-il sans convaincre-, qu'il possédait pourtant depuis 2003, année de l'embauche "au noir" de Belkacem pour venir laver les 420 m2 de baies vitrées de la propriété de Castelnau. "J'ai effacé le numéro du répertoire de mon i phone le jour des faits, après une discussion houleuse avec Bernadette, qui ne voulait plus entendre parler de lui, je venais de lui dire que Belkacem voulait que je lui prête 5000 euros pour acheter une voiture d'occasion" explique Bissonnet. Le président ne comprend pas "pourquoi vous avez effacé ce numéro, alors que vous venez de nous dire qu'il avait été prévu que M.Belkacem revienne à la villa le samedi 15 mars".
Le détail du chien
Le mari ne sait pas quoi répondre. Il est d'autant plus embarrassé que Joël Mocaer insiste : "Admettons, vous avez effacé ce numéro le 11 mars. Le 12 mars, le frère de Bernadette vous le donne, en vous intimant l'ordre de le communiquer aux gendarmes. Pourquoi avez-vous attendu le 14 mars pour le faire ?". Bissonnet ne sait pas, mais ces questions l'indisposent : "Ce ne sont que des petits détails, s'il fallait me condamner sur ces détails là, eh bien, c'est inquiétant". Le président en vient à ce détail capital : "Avant votre interpellation, alors qu'il est en garde à vue et qu'il développe longuement et minutieusement le plan que vous auriez monté pour faire assassiner votre femme, Méziane Belkacem révèle aux gendarmes que vous aviez prévu d'emmener le petit chien, Pit à la réunion du Roraty à Montpellier pour qu'il n'aboie pas lorsque Belkacem sonnerait au portail de la villa vers 21h. Il a précisé que vous téléphoneriez à votre femme à 20h pour l'avertir de l'absence du chien. Or, M.Bissonnet, vous avez effectivement appelé votre épouse à 19h58 pour lui annoncer que le chien était monté dans le 4x4 à son insu et qu'elle ne s'inquiète pas. Comment pouvez-t-il savoir tout ça ?.
Version soufflée ?
Debout dans le box, Bissonnet est désarçonné. Mais, il rebondit vite : "Les gendarmes le savaient aussi, au cours de l'interrogatoire de Belkacem, ils ont très bien en faire état". Le président est sidéré : "Vous êtes en train de nous dire que ce sont les enquêteurs qui auraient soufflé cette version à M.Belkacem ? A votre avis, M.Bissonnet, ils ont aussi inventé toutes les dépositions de M.Belkacem ? Vous n'avez jamais mis en cause l'attitude des gendarmes durant toute l'instruction". Le mari commençait à perdre pied, quand est arrivée la fameuse question de 18h10. Et l'aveu du doute sur le fait que le laveur de carreaux soit l'assassin de Bernadette Bissonnet. Vingt minutes après, le président suspendait l'audience qui reprendra lundi avec la poursuite de l'interrogatoire de Jean-Michel Bissonnet. Il sait qu'il sera mis sur le gril par les avocats du frère de Bernadette, qui, plus que jamais n'ont plus de doute sur sa culpabilité. Le procès qui devrait se poursuivre au-delà du 4 février, date où était prévu le verdict, nous promet des audiences animées. Bissonnet volera-t-il la vedette à ses deux co-accusés ? On a perçu ce vendredi comme une possible reconversion comme comédien. Jean-Michel Bissonnet adore la comédie, il ne l'a pas caché : le jour des faits, il a regardé sur internet les impostures du Montpelliérain Rémi Gaillard. Le 12 et le 13 mars, c'est à dire le lendemain de l'assassinat, il avait prévu d'aller assister à Paris avec Bernadette au spectacle de Florence Foresti. Et le lendemain de la mise en terre de sa femme, il est allé voir "Bienvenue chez les Ch'tis" au cinéma avec son fils Florent. On saura lundi si la comédie continue...
Jean-Marc Aubert
Jean-Marc Aubert
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