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17 janv. 2011

Bissonnet : "Les gendarmes ont trompé les juges d'instruction"

LUNDI 17 JANVIER, COUR D'ASSISES DE L'HERAULT, SIXIEME JOUR DU PROCES DES ACCUSES IMPLIQUES DANS L'ASSASSINAT DE BERNADETTE BISSONNET A CASTELNAU-LE-LEZ, LE 11 MARS 2008.
Combatif, hargneux, haineux par moment, n'hésitant pas à reprocher à l'avocat général Georges Guttierez "d'avoir communiqué à la presse des informations mensongères une semaine après l'assassinat le désignant quasiment comme le suspect principal", contestant avec vigueur la manière dont Me Louis Balling, l'avocat du vicomte Amaury d'Harcourt mène l'interrogatoire, Jean-Michel Bissonnet a déployé une énergie débordante tout au long de cette journée pour convaincre la cour et les jurés de son innocence. Qu'un complot manigancé par ses deux co-accusés, Méziane Belkacem et le vicomte l'ont conduit en prison. Il martèle être victime d'une erreur judiciaire : "Je suis la deuxième victime avec Bernadette". Debout dans la bulle vitrée du box, micro en main, il a oublié les sanglots -qualifiés de "faux sanglots" lors de l'éphémère premier procès par Jean-Robert Phung, un des avocats du frère de la victime- pour se défendre bec et ongles, parfois en haussant le ton. Et il ne fait pas de cadeau : "Les deux juges ont instruit à charge, parce qu'ils ont été trompés par les gendarmes. Ils ont fabriqué un coupable, en croyant la version de Belkacem, ils ont cru tout ce qui leur a raconté sans vérifier. M.Belkacem a passé son temps à mentir. Des tas de choses que j'ai dites pendant ma garde à vue justement pour relever ces mensonges n'ont jamais été retranscrites. Pourquoi ? Parce que ça n'allait pas dans leur sens". Le bâtonnier Gérard Christol qui défend Belkacem avec sa fille Iris s'énerve : "Après les gendarmes, c'est au tour des juges d'instruction d'être dans le collimateur. Mais, dites moi M.Bissonnet quelle était l'intérêt des enquêteurs et des magistrats de vous accuser d'avoir commandité l'assassinat de votre femme ?". Bissonnet : "Je l'ai compris après, ils voulaient se payer un notable". Rires étouffés dans la salle. Le président Joël Mocaer rappelle que "un des gendarmes de la section de recherches de Montpellier que vous accusez ouvertement de menteur viendra témoigner ce mardi après-midi, on pourra lui demander, on verra bien ce qu'il nous dira"...
Rue de Verdun
Jean-Michel Bissonnet agace toutefois le président, les avocats du frère de Bernadette, ceux des deux co-accusés et les avocats généraux par sa propension à vouloir diriger les débats. Le mari veut imposer sa vérité et il est sèchement renvoyé dans les cordes, notamment par Luc Abratkewicz, avocat de Jean-Pierre Juan, le frère de la victime : "Vous avez donné de multiples versions depuis votre interpellation sur divers épisodes. Donc, vous avez menti. Vous nous apprenez aujourd'hui, près de trois ans après les faits, une chose que vous n'avez jamais dites et elle est capitale : vous saviez que la nuit des faits Méziane Belkacem dormirait chez son fils à Montpellier. Savez-vous où il habitait à l'époque ?". Bissonnet, visiblement embarrassé par cette "révélation" faite incidemment à Raphaëlle Chalié, l'avocate de ses deux fils : "Non, pas exactement, dans le centre-ville, je pense". Luc Abratkewicz : "Rue de Verdun, exactement. Que faisiez vous dans cette rue, entre 4h17 et 5h, la nuit de la découverte du cadavre de votre femme ? Vous nous avez expliqué que, ne pouvant pas trouver le sommeil chez votre beau-frère, M.Juan près de la place de la Comédie, vous avez erré dans le centre-ville, que vous êtes allé du côté du cinéma Le Royal, là où résidait, c'est une coïncidence énorme, le fils de M.Belkacem, qui l'hébergeait, rue de Verdun. Etes-vous sûr que vous n'avez pas essayé de rencontrer Méziane Belkacem pour savoir pourquoi il s'était blessé en tuant Bernadette ? Parce que vous n'avez pas pu avoir au téléphone à 4h17 le vicomte ?". Réplique de Bissonnet : "Vous cherchez le mal partout".
Chien et agenda
Une fois, deux fois, six fois, les avocats et les magistrats de l'accusation interrogent le mari sur le chien Pit et sur les raisons qui l'ont poussé à effacer du répertoire de son i phone le numéro de téléphone de Méziane Belkacem, le jour des faits, à l'heure du déjeuner : "Pourquoi vous n'en parlez pas aux gendarmes ni le 11 mars, ni le lendemain, ni le 13. Vous le dites aux juges d'instruction le 5 mai ?" lui demande Iris Christol. Réponse de Bissonnet, sur un ton désagréable : "Ce n'est pas un détail important". Pit, le petit fox-terrier à poils durs mobilise toutes les attentions des avocats du vicomte, du frère de Bernadette et des avocats généraux, Pierre Denier et Georges Gutteriez, ce qui déplaît à l'accusé : "Tiens, y a longtemps qu'on n'avait pas parler du chien"...Car, Jean-Michel Bissonnet a accumulé les incohérences sur les circonstances dans lesquelles Pit s'est retrouvé "à son insu" dans son 4x4 pour aller au Rotary le soir de l'assassinat. Belkacem assure qu'emmener le chien faisait partie du plan diabolique concocté par le mari. "M.Bissonnet, vous nous avez expliqué avoir monté le chien à l'étage quand vous avez découvert le corps de votre femme pour éviter qu'il ne pollue la scène du crime en piétinant le sang. Pourquoi alors avez vous modifié la scène du crime en nettoyant le sang de Belkacem avec une serpillière avant l'arrivée des secours ? Et en découvrant du sang frais sur les escaliers conduisant à l'étage, pour monter le chien, n'avez vous pas pensé que l'assassin risquait de s'y cacher encore ? N'avez-vous pas pris des risques" interroge Jean-Robert Phung. Réaction de Bissonnet : "Je n'ai pas pensé à ça". Ces interrogatoires insupportent Florent et Marc, les deux fils de l'accusé, qui s'en prennent violemment à Louis Balling, l'avocat d'Amaury d'Harcourt, quand il s'étonne que "M.Bissonnet, vous n'avez pas annoncé la mort de votre femme à vos fils, vous l'avez fait faire par des proches, le lendemain à 7h, alors que vous avez appelé le vicomte à 4h17, sans pouvoir le joindre sur son mobile, pour lui annoncer la nouvelle". Un de ses avocats, Me Henri Leclerc se dit "consterné et affligé par ce qu'on fait subir depuis ce matin à M.Bissonnet". La journée de mardi s'annonce autant mouvementée que celle d'aujourd'hui avec la déposition très attendue des gendarmes accusés d'être des menteurs. Un terrible face à face s'annonce...
Jean-Marc Aubert


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