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18 janv. 2011

Procès : la lettre qui trahit Jean-Michel Bissonnet

MARDI 18 JANVIER 2011, COUR D'ASSISES DE L'HERAULT, SEPTIEME JOURNEE DU PROCES DES ACCUSES IMPLIQUES DANS L'ASSASSINAT DE BERNADETTE BISSONNET, LE 11 MARS 2008 A CASTELNAU-LE-LEZ.


L'épisode aurait pu passer inaperçu, au milieu de cette polémique vaine et inutile allumée dans l'après-midi par un  certain Pierre Laurent, fier de se présenter comme un expert en balistique. Alors que la bataille faisait rage entre les trois experts en balistique judiciaires crédibles, apportant scientifiquement la preuve qu'il n'y a eu qu'un seul tueur et deux coups de feu tirés et cet expert de la région parisienne mandaté, c'est à dire payé par Jean-Michel Bissonnet pour une contre-expertise destinée à les contredire et prouver que Méziane Belkacem avait un complice sur la scène du crime et qu'il y a eu trois coups de feu tirés, une question, anodine en apparence de Jean-Robert Phung a, une nouvelle fois mis à mal les déclarations de Jean-Michel Bissonnet. Depuis le matin, il n'est question que de l'arme du crime repêchée dans le Lez sur les indications du vicomte Amaury d'Harcourt, cinquante jours après l'assassinat. A la barre, le brillant Alain Artuso, l'un des meilleurs experts en balistique explique comment on s'en sert, comment on la charge, comment on la décharge etc. L'avocat de Jean-Pierre Juan, le frère de Bernadette Bissonnet interroge Bissonnet : "Vous êtes vous déjà servi d'un fusil de chasse à canon juxtaposés à crosse sciée ?". Réponse du mari, catégorique : Non, je n'en ai jamais vu jusqu'à aujourd'hui, je me sert toujours de fusils de chasse à canon long". Me Phung : "Alors, expliquez-moi pourquoi vous avez su bien avant la découverte de cette arme dans le Lez que votre femme avait été tuée avec un fusil de chasse à canon scié ? Vous l'écrivez, monsieur, quelques jours après la mort de votre épouse dans une lettre manuscrite, que vous adressez à votre frère et dont j'ai copie. Vous lui expliquez clairement qu'il y a eu trois coups de feu tirés et que l'arme est un fusil de chasse à canon scié". Destabilisé sur le moment, Jean-Michel Bissonnet se reprend : "Je me souviens avoir remarqué sur la scène du crime la présence d'une multitude de plombs sur un volet coulissant, je me suis dit que ça avait fait une large gerbe, ne ressemblant pas aux gerbes laissées par des tirs avec un fusil à canon long"...
Cause entendue
Pour Jean-Robert Phung et pour le frère de Bernadette, la cause est entendue : après les incohérences du chien Pit, du numéro de téléphone de Belkacem effacé, du nettoyage du sang de l'assassin présumé autour du corps de sa femme, cet aveu du type d'arme qui a servi à tuer sa femme, avant sa découverte dans le Lez, trahit une fois de plus le mari. Le balisticien montpelliérain Alain Artuso a précisé qu'il s'agissait d'un fusil de calibre 16 commercialisé jusque dans les années 80 par une manufacture d'Espagne. En se basant sur ses constatations matérielles effectuées la nuit du crime et sur ses expertises ultérieures ordonnées par les juges d'instruction, il a été formel : il n'y avait qu'un tireur sur place et il n'y a eu que deux coups de feu : "La première cartouche a été tirée à une faible distance et a atteinte la victime au bras gauche qui a été broyé. Le deuxième coup de feu au thorax l'a mortellement blessée. Le fait d'avoir retrouvé dans le corps et sur le volet roulant environ 270 plombs ou impacts de plombs atteste qu'il n'y a eu que deux cartouches utilisées". Deux autres experts près la cour d'appel d'Aix-en-Provence ont abondé dans ces conclusions, excluant totalement l'hypothèse de trois tirs et de deux tireurs : "Nous le prouvons même scientifiquement, puisque si une troisième cartouche avait été tirée, nous aurions retrouvé dans les 560 plombs, c'est mathématique".
200 plombs volatilisés !
On pensait que le doute n'était plus permis. C'était sans compter sur la venue à la barre de Pierre Laurent, qui visiblement, n'aurait pas sa place dans les célèbres séries des Experts à Miami et à New-York, qui séduisent des millions de télespectateurs. Mandaté donc par Bissonnet et ses trois avocats, Pierre Laurent a totalement remis en cause le travail de ces trois confrères qui agissaient eux en tant qu'experts judiciaires. En résumé, les premiers experts ont "oublié" de répertorier des bourres (résidus de cartouches après les tirs) récupérées sur la scène du crime, ont mal évalué la distance des tirs, ont mal compté le nombre de plombs etc. Il défend fermement l'hypothèse de trois tirs, dont deux simultanés et de deux tireurs, "à moins que M.Belkacem ait rechargé le fusil après les deux tirs". Questionné par son avocat, le bâtonnier Gérard Christol, Méziane Belkacem a confirmé sa version : "J'étais seul". Rappelé à la barre dans la soirée, Alain Artuso a défendu son rapport, balayant l'hypothèse de Pierre Laurent en insistant sur ce détail essentiel : "Je veux bien qu'il y ait trois cartouches tirées, mais expliquez-moi pourquoi nous avons récupéré que 270 plombs". Pas de réponse. Agacé par le témoignage de cet expert parisien, l'avocat général Pierre Denier se fâche : "Il ne manque pas 30, 40 ou 50 plombs, non, il en manque 200. Ils ont disparu comment ? Ils n'étaient ni dans le plafond, ni sur le volet, ni par terre, ni dans le corps de la victime. 200 plombs volatilisés de la scène du crime !". Pierre Laurent ne plie pas : "Vous verrez, j'aurai raison". Dans le box, Jean-Michel Bissonnet sourit. Il croit avoir gagné la guerre. Mais, il déchante vite. Luc Abratkewicz, l'autre défenseur du frère de Bernadette Bissonnet porte l'estocade : "M.Laurent, dans quelles conditions avez-vous été amené à réaliser cette expertise ?". L'expert, livide : "M.Artuso m'a transmis des photocopies". Me Abratkewicz : "des photocopies de quoi ?". Pierre Laurent : "de l'arme, des munitions, des bourres, des lieux du crime, de la position du corps, des plombs visibles sur le volet, bref des scellés". L'avocat : "Vous voulez donc dire que vous n'avez jamais expertisé le fusil de chasse de calibre 16 à canons juxtaposés et à crosse scié, posé devant vous, ni les munitions". L'expert, mal à l'aise : "Non, jamais". Luc Abratkewicz, se rasseyant : "Merci Mr Laurent, je n'ai plus de questions". Un expert en balistique qui vient démolir le travail de trois confrères, sans avoir eu l'arme du crime dans les mains, c'était le fameux témoin surprise qui innocenterait Jean-Michel Bissonnet présenté par ses avocats depuis plusieurs mois !
Jean-Marc Aubert

1 commentaire:

Anonyme a dit…

A quand le procès concomitant du Rotary qui sert d'alibi à de tels monstres ?