Libellés

19 janv. 2011

Procès : Jean-Michel Bissonnet alias Lefennec34

MERCREDI 19 JANVIER 2011, COUR D'ASSISES DE L'HERAULT, HUITIEME AUDIENCE DU PROCES DES TROIS ACCUSES DE L'ASSASSINAT DE BERNADETTE BISSONNET, LE 11 MARS 2008 A CASTELNAU-LE-LEZ.


Mauvaise journée encore pour Jean-Michel Bissonnet, l'homme d'affaires de 62 ans accusé d'avoir commandité l'assassinat de sa femme, Bernadette née Juan, une pharmacienne à la retraite de 57 ans. La veille, sa théorie de l'existence d'un deuxième tueur sur la scène du crime et de trois coups de feu tirés sur la victime s'est effondrée, balayée par les trois experts judiciaires en balistique. En résumé, il manque pas moins de 200 plombs de chasse pour que l'hypothèse de trois tirs soit crédible. La défense du mari a donc du plomb dans l'aile. Cela s'est de nouveau vérifié aujourd'hui, où les trois avocats de la défense -on peut même dire qu'ils sont quatre, tant Raphaëlle Chalié qui porte la parole pour les deux fils Bissonnet, Marc et Florent ne joue pas un rôle de partie civile- ont tenté de mettre en cause l'enquête des gendarmes. Une stratégie qui s'affine au fil des audiences, quand Jean-Michel Bissonnet est en grande difficulté et qui consiste à remettre en cause systématiquement le travail des enquêteurs, du ministère public, des juges d'instruction et des experts ! Car, on peut dire que le masque de Bissonnet est tombé cet après-midi.
1620 connexions
L'expert judiciaire chargé d'analyser les trois disques de l'ordinateur du couple Bissonnet et la téléphonie (l' i phone du mari notamment) a raconté que Jean-Michel Bissonnet avait ouvert au moins cinq comptes sur des sites de rencontres pornographiques, sadomasochistes et fétichistes et qu'il y naviguait sous le pseudonyme de Lefennec34, "entre 2005 et le 11 mars 2008, jour des faits, où j'ai comptabilisé 1620 connexions. Il y a également eu 28 téléchargements de vidéos d'annonces de films sadomasochistes, c'est à dire que l'utilisateur de l'ordinateur a volontairement cliqué sur les fenêtres pour regarder ces annonces et pour les télécharger". L'avocat général Georges Guttierez est curieux : il souhaite savoir à quels créneaux horaires en général, Bissonnet alias Lefennec34 se connectait sur ses sites sexuels. L'expert consulte ses relevés et estime que "c'était souvent l'après-midi, entre 13h30 et 15h30, quelquefois en pleine nuit et au petit matin. Nous avons une connexion la nuit du réveillon du jour de l'an, le 31 décembre 2007". L'avocat général Guttierez en tire cette conclusion : "Je remarque que ces connexions ont eu lieu quand Mme Bissonnet faisait sa sieste, était à la gym ou en voyage". Une analyse pertinente qui déclenche la fureur des défenseurs du mari, bien embêtés par cette démonstration. Iris Christol l'avocate de Méziane Belkacem veut comprendre que cache le nom de certains sites consultés régulièrement depuis ces dernières années par Jean-Michel Bissonnet : boys.com, mens.com ou encore gay.fr : "J'ai cru comprendre que c'était des hommes qui cherchaient des hommes". Ce n'est pas du goût de sa consoeur Raphaëlle Chalié, qui lui reproche son manque de pudeur vis à vis des deux fils. L'autre avocat du laveur de carreaux, le bâtonnier Gérard Chrisol est scandalisé : "Je comprends l'embarras, la gêne de Me Chalié, celle-là même qui au début de procès a distribué aux parties, à la cour et aux jurés ces photos d'exception présentant les Bissonnet comme un couple uni, idyllique, sans histoires. La réalité est différente, on le savait depuis l'instruction, on en a la confirmation publique, ces images de l'ombre portent un éclairage qui est déplaisant pour vous. Notre travail, c'est de faire éclater la vérité".
"Par curiosité"
Dans la bulle vitrée, Jean-Michel Bissonnet s'agite. Il n'apprécie guère ces attaques. Le président Joël Mocaer lui donne la parole : "Oui, je ne m'en suis jamais caché, j'allais sur les sites de rencontres sexuels, j'y allais avec mon épouse, comme 50% des personnes qui consultent ces sites pornographiques, un million de Français se connectent tous les jours. Je cherchais des hommes, des femmes, des couples libertins. Mais, j'y allais par curiosité, c'est tout". Bernadette Bissonnet consultait-elle ce sites de rencontres à caractère sexuels avec son mari ? Bernadette Bissonnet cliquant sur des sites sadomasochistes ? Dans l'entourage de la victime, personne ne veut y croire. "La pauvre Bernadette doit se retourner dans sa tombe" lâchait ce mercredi soir une amie, complètement abasoudie par cette "révélation" en quittant le palais de justice, écoeurée. A l'heure, où la cour et les jurés écoutaient les gendarmes en charge de l'enquête, dont le maréchal-des-logis-chef Raphaël Goursaud, de la section de recherches de Montpellier : "Nous avons rapidement écarté l'hypothèse d'un cambriolage ayant mal tourné, nous n'avons pas relevé d'effraction, nous avons retrouvé 18.000 euros dans un tiroir, 640 euros dans le sac de la victime, deux lingots d'or, les cartes bancaires, pour nous intéresser à M.Bissonnet. Dès la nuit des faits, son attitude nous a paru suspecte. Le lendemain, il nous a mis sur la piste de Méziane Belkacem, mais paradoxalement, il a tardé à nous communiquer son téléphone portable, que je n'ai eu que le 14 mars, trois jours après. Pourtant, M.Bissonnet avait le portable de M.Belkacem depuis 2003 et le frère de la victime lui avait communiqué dès le 12 mars". Puis, l'enquêteur évoque l'épisode du chien Pit : "M.Belkacem ne pouvait savoir que par M.Bissonnet, que celui-ci amènerait le chien à la réunion du Rotary et qu'il préviendrait sa femme à 20h, pour qu'il puisse pénétrer dans la propriété sans que Pit ne se manifeste pour exécuter le plan de l'assassinat de Mme Bissonnet. C'est à partir de ce détail donné en garde à vue par M.Belkacem, que nous avons fortement soupçonné M.Bissonnet". En début de soirée, le président diffusait les premières écoutes téléphoniques, dans lesquelles on comprend que Jean-Michel Bissonnet appelle régulièrement le chef Goursaud pour essayer de savoir quelle piste est suivie par les gendarmes ! Ce n'est qu'un hors-d'oeuvre dans ce procès dont le verdict ne tombera pas avant le 11 ou le 12 février : il reste 690 écoutes téléphoniques...à écouter !
Jean-Marc Aubert

1 commentaire:

Anonyme a dit…

exclusif: le chien a essayé de s'immoler par le feu en apprenant que son maître le trompait avec un fennec.

Seule l'absence de pouce opposé l'a empêché de gratter une allumette