L’après-midi de mardi a paru une éternité à l’adjudant-chef Bernard Geniès de la section de recherches de Montpellier, directeur d’enquête dans l’assassinat de Bernadette Bissonnet, la pharmacienne à la retraite de 57 ans, tuée de deux coups de fusil de chasse dans sa villa cossue de Castelnau-le-Lez.
« Je suis arrivé sur les lieux le 11 mars 2008 à 23h30 et j’ai dirigé les investigations jusqu’à fin octobre, lorsque les deux juges ont clôturé l’instruction. Dès le départ, nous avons écarté l’hypothèse d’un crime crapuleux et nous avons privilégié la piste d’un familier. Très vite, nous avons suspecté le mari » a-t-il déclaré, détaillant durant plus d’une heure tous les éléments à charge contre Jean-Michel Bissonnet. Une déclaration qui n’a pas été du goût des trois avocats de la défense du mari, qui ont vivement critiqué « une déposition scandaleuse à l’image d’une enquête partiale et orientée » de l’avis d’Henri Leclerc.
Le président Joël Mocaer tente alors d’apaiser les incidents oraux qui se succèdent dans le prétoire. De vifs échanges verbaux opposent les avocats des parties, Jean-Robert Phung et Luc Abratkewicz, parties civiles pour le frère, le neveu et la nièce de Bernadette Bissonnet reconnaissant « une déposition magistrale, clairvoyante. Vous avez là le directeur qui a supervisé et géré tous les actes, ne vous plaignez pas, ce qui vous dérange, c’est que l’on évoque publiquement ce que vous savez tous : M. Bissonnet est impliqué dans l’assassinat de sa femme. Une vérité que M. Bissonnet, ses enfants et le père de Bernadette refusent d’entendre et d’admettre depuis le début de l’affaire ».
18 000 euros
Les avocats de Bissonnet tente de déstabiliser l’adjudant-chef Geniès, en lui demandant notamment pourquoi les gendarmes n’avaient pas saisi les 18 000 euros que Bissonnet conservait dans le tiroir d’un meuble. Une liasse composée de billets vert de 100 euros que, selon Méziane Belkacem, le laveur de carreaux qui a abattu Mme Bissonnet, Bissonnet lui aurait montré le jour des faits pour lui donner une avance sur les 30 000 euros promis. Et c’est exactement à l’endroit indiqué par Belkacem en garde à vue que ces 18 000 euros ont été montrés aux enquêteurs par Bissonnet. « ça prouve que Belkacem ne mentait pas. Nous n’avions aucun intérêt à saisir cette somme dans le cadre de notre enquête sur l’assassinat » répond tranquillement l’adjudant-chef Geniès. Il précise que « c’est pareil pour les sex toys et le viagra découverts lors des perquisitions. C’était caché pour que ses fils ne les trouvent pas, nous ne les avons pas saisis, aucun intérêt ». L’adjudant-chef Geniès accable Bissonnet : « Il a volontairement téléphoné à Belkacem en février pour lui dire de venir laver les carreaux de la villa le 11 mars. L’assassinat devait avoir lieu un mardi soir. Tous les mardis soirs, il est au Rotary à Montpellier de 19 h 50 à 22 h. Il a volontairement amené le chien avec lui pour qu’il n’aboie pas quand Belkacem viendrait dans la villa à 20 h 30. Il lui a fait conduire le 4x4 de sa femme le matin pour que ses empreintes digitales soient retrouvées sur le volant. Il a demandé au vicomte Amaury d’Harcourt de jeter l’arme du crime dans le Lez, ce qu’il a fait. Nous l’avons récupérée sur ses indications près de la clinique du Parc où Jean-Michel Bissonnet a été hospitalisé à deux reprises les semaines ayant précédé les faits ».
« Menteur »
Luc Abratkewicz intervient : « Si Belkacem se blesse pas et ne s’arrache pas l’ongle d’un doigt gauche, qu’il saigne et qu'on retrouve son ADN près du corps de Bernadette Bissonnet, c’était le crime parfait ». L’adjudant-chef Geniès : « Absolument, après les faits, Biossonnet remettait les 30.000 euros à Belkacem, à qui il avait conseillé de fuir au Maroc. Nous n’aurions sans doute jamais pu élucider l’affaire ».
Bernard Geniès évoque une double personnalité de Bissonnet : « Celle d’un honorable homme d’affaires menant une vie de couple sans histoire, idyllique aux yeux de ses enfants et de ses amis, alors qu’il répète depuis un an avant les faits à deux ou trois proches, à Belkacem et au vicomte d’Harcourt, qu’elle lui mène la vie dure, qu’il ne la supporte pas, qu’il veut la tuer. Ses relations avec son épouse n’étaient pas si idylliques que ça, puisque M. Bissonnet multipliait les messages sur des sites de rencontres homosexuelles sous le pseudonyme de Lefennec et dee Fennec ». Dans son box, Jean-Michel Bissonnet beaucoup plus calme et moins théâtral que durant les cinq journées du premier procès s’excite : « Menteur, menteur », tandis que l'un des fils quitte la salle d’audience en colère. A une question de Me Henri Leclerc sur l’absence de mobile du mari, le directeur d’enquête en a la certitude : « Jean-Michel Bissonnet considérait la villa cossue de Castelnau-le-Lez comme son paradis, comme le fruit de sa réussite sociale. Il l’a dit à ses amis. Il avait peur de la perdre au cas où son épouse divorcerait »…
Jean-Marc Aubert
1 commentaire:
Quand l'ajudant dit que Mr Bissonnet aurait .."répèté depuis un an avant les faits à deux ou trois proches, à Belkacem et au vicomte d’Harcourt, qu’elle lui mène la vie dure, qu’il ne la supporte pas, qu’il veut la tuer", est-ce uniquement ces 2 ou y a t il réellement eu une 3ème personne ? (si oui, qui?) car à mon avis la crédibilité du tueur et de son complice ne valent rien car ce témoignage peut avoir été totalement inventé et imaginé pour "sauver leur peau en faisant porter le chapeau" à Mr Bissonnet
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