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21 janv. 2011

Procès : le poignant témoignage de Marc et Florent Bissonnet

VENDREDI 21 JANVIER 2011, COUR D'ASSISES DE L'HERAULT, DIXIEME AUDIENCE DU PROCES DES TROIS ACCUSES DE L'ASSASSINAT DE BERNADETTE BISSONNET, LE 11 MARS 2008 A CASTELNAU-LE-LEZ.

"Nous avons besoin de vérité, de justice. Je ne dis pas que mon père est innocent, mais je ne veux pas qu'on le condamne sur des mensonges, des imprécisions, sur une enquête menée à charge, sur son attitude ici, c'est vrai, il est désagréable" lâche Florent Bissonnet, 30 ans, le fils aîné de Jean-Michel Bissonnet. Luc Abratkewicz, un des avocats du frère de Bernadette Bissonnet se lève : "M.Bissonnet, nous respectons votre douleur, votre conviction, mais ce que vous attendez, c'est une preuve. Et peut-être des aveux".  Florent Bissonnet acquiesce. Accroché à la barre, tête baissée, le fils aîné pleure à chaudes larmes pour raconter l'idylle de ses parents : "Ils étaient unis, proches, ils étaient fait l'un pour l'autre, ils étaient fait pour s'entendre, ils partageaient tout, maman et papa avaient les mêmes idées et les mêmes valeurs, non, ce n'est pas possible que papa ait fait ça, non. Avec Marc, nous sommes orphelins, nous avons perdu notre mère et six semaines après, notre père, en prison depuis près de trois ans, c'est terrible à vivre". Florent Bissonnet met en cause l'enquête des gendarmes et l'instruction des deux juges, "partiale et orientée vers mon père. D'ailleurs, depuis le début du procès, on ne s'intéresse qu'à mon père, on n'évoque pas les mensonges de Méziane Belkacem et du vicomte Amaury d'Harcourt. Je n'arrive pas à comprendre comment les gendarmes et les juges ont pu avaler ce scénario incohérent. Rien ne colle, mon père n'était pas bête au point d'imaginer pareil plan criminel boîteux. Et puis, depuis le début, je le dis : si papa est coupable, il ne serait pas infligé à soi la découverte du corps de maman, dans une mare de sang".
Un socle, le pilier
L'accusation soutient que le plan initial élaboré par Bissonnet prévoyait que Belkacem déclenche avec sa main l'alarme reliée au centre d'appel, ce qui impliquait l'intervention d'un vigile qui aurait découvert le cadavre. Mais que l'alarme ne s'étant pas déclenchée, c'est le mari qui a fait la macabre découverte en revenant de sa réunion du Rotary à Montpellier. Auparavant, Marc, 28 ans, son frère cadet, qui était très proche de sa mère a lui aussi donné sa conviction : au vu du dossier et des mensonges distillés par Belkacem et le vicomte, son père est innocent. "Quand je vais lui rendre visite à la prison, je lui demande, droit dans les yeux de me dire la vérité. Il me répète qu'il n'a pas touché à un cheveu de maman. Je le crois, ça se sent, ça se voit. Maman était le socle, un pilier de la famille". Marc dresse un portrait très noir du vicomte Amaury d'Harcourt : "Il n'est pas clair, ni droit, il navigue dans l'ombre, il a un passé de barbouze, il a trafiqué dans la prostitution et les armes, il faisait partie de réseaux qui agissaient dans l'ombre, il a géré les chasses présidentielles sous Giscard d'Estaing". Louis Balling, le défenseur de l'aristocrate ruiné intervient : "Je ne peux pas vous laisser dire ça, c'est faux. Ce ne sont que des rumeurs, comme quand votre père a fait croire à Belkacem que le vicomte était un agent secret". Marc Bissonnet : "C'est un journaliste spécialisé qui devait nous amener des preuves, il ne l'a pas fait, on les aurait données aux juges". Le fis cadet évoque un incident entre son père et sa mère, trois jours avant les faits : "J'ai annoncé à papa que j'allais revenir à Montpellier, je ne me plaisait pas à Paris, il l'a mal pris, effectivement. C'est vrai qu'il a dit qu'il voulait refaire sa vie, mais je ne le voyais pas vivre hors de la villa, sans maman". Les deux fils de l'accusé ont marqué par leur témoignage digne, poignant et empreint de sincérité cette matinée. Il est 12h30 quand Jean-Michel Bissonnet se lève : "Et vous voulez que je fasse du mal à des enfants extraordinaires comme ça, c'est une histoire de fou". L'après-midi sera une autre histoire.
"Il a dit, je la tuerai, tu verras"
Après l'interrogatoire à distance de Diane D'Harcourt, la fille du vicomte (voir ci-dessous), c'était au tour de Ghislaine De Montangon de se présenter à la barre. La troisième ex-femme du vicomte Amaury d'Harcourt jure de dire toute la vérité. Au fil de sa déposition, le mari se tasse dans le box : "Un jour, alors que nous étions mariés et avant notre divorce, Jean-Michel Bissonnet a séjourné dans la propriété de Saint-Eusoge. Il y était invité plusieurs fois par an. A table, la conversation a porté sur Bernadette. Il a dit qu'il cherchait à se débarrasser de sa femme, il l'a répété même, moi, stupéfaite, je lui ai dit : allons, Jean-Michel, c'est pas sérieux, qu'est-ce que c'est que cette histoire. M.Bissonnet m'a répondu : "un jour je la tuerai, tu verras". Amaury m'a dit de ne pas me faire de souci, il m'a dit : il me bassine sans arrêt avec ça. Quand j'ai appris l'horrible mort de Mme Bissonnet, j'ai compris que M.Bissonnet était dans le coup. Surtout que la veille des faits, il a téléphoné à Amaury pour qu'il descende en urgence à Montpellier, afin de lui rendre un service. Amaury avait prévu de venir me voir à Chartres, il a tout annulé pour descendre à Montpellier en catastrophe le 10 mars au soir, il a fait 700 kilomètres pour rendre service à M.Bissonnet". Répondant à une question d'un des avocats du frère de la victime, l'ancienne épouse du vicomte se dit "consciente de rapporter des accusations gravissimes, mais je suis là pour dire la vérité. Je ne couvre pas Amaury, nous sommes divorcés. Je maintiens que M.Bissonnet m'a dit un jour qu'il voulait tuer sa femme". Elle situe l'épisode à fin 2005, début 2006. A cette époque, selon Méziane Belkacem, le mari lui aurait demandé s'il ne connaissait pas dans son entourage un homme de confiance capable de tuer une personne qui l'embêtait. Selon le laveur de carreaux, Bissonnet lui aurait lancé : "Ne t'inquiètes pas, c'est pas Georges Frêche qu'il faudra buter"...
Jean-Marc Aubert

Visioconférence : "Belkacem dit la vérité à 100%"
Son état de santé précaire rendant impossible un déplacement jusqu'à Montpellier a estimé un collège d'experts, Diane d'Harcourt, la fille unique du vicomte a témoigné ce vendredi après-midi depuis le tribunal de Paris, grâce au système de visioconférence : "Quand j'ai su que mon père avait jeté l'arme du crime dans le Lez, j'ai eu un choc. J'ai essayé de lui faire dire tout ce qu'il savait, mais il parlait peu, il s'est refermé sur lui même. J'ai insisté pour qu'il dise la vérité, toute la vérité et qu'il assume ses actes. Il a fini par me raconter qu'il avait rendu service à son vieil ami, Jean-Michel Bissonnet et que c'était Méziane Belkacem qui avait tué Bernadette. Mon père m'a toujours dit que dans cette affaire, Méziane Belkacem dit la vérité à 100%". Interrogé sur les multiples épisodes de la vie du vicomte, âgé de 85 ans, Diane d'Harcourt assure que "mon père était un homme à femmes" et se dit stupéfaite des confidences faites pendant l'instruction, à la cour d'appel de Montpellier par Jean-Michel Bissonnet, à savoir que lorsqu'il était jeune et qu'il se trouvait dans la grange du château de Saint-Eusoge, le vicomte, plus âgé que lui, avait voulu le violer dans une meule de foin. Elle est formelle : mon père n'est pas homosexuel.
J.-M.-A.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Où avez vous trouvé cette croustillante histoire de viol de Bissonnet par d'Harcourt ? Dites nous plus de détails !

La Mouette a dit…

Lors d'une audience publique devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Montpellier, en 2009, Jean-Michel Bissonnet a évoqué cette tentative de viol, dont il aurait été victime dans la propriété du vicomte à Saint-Eusoge (Yonne). C'était, a-t-il dit, à l'époque où jeune adulte, il avait travaillé chez Amaury d'Harcourt, notamment pour nourrir le gibier (sangliers et cerfs utilisés pour des chasses à courre). Cette tentative de viol a été soulevée lors d'une audience de la semaine dernière par les avocats du frère de Bernadette Bissonnet, qui voulaient en savoir plus sur cet épisode et sur d'éventuelles attirances homosexuelles, alors qu'étaient longuement évoquées les connexions de M.Bissonnet sur des sites de rencontres homosexuelles, sadomasochistes et fétichistes.